Ils se réveilleront
ILS SE RÉVEILLERONT
Ombres que projette
le réverbère d’en face
longue hésitation
faut-il dormir porte ouverte
et l’inviter à entrer
Faux réveil. Le ciel était-il bleu ou gris ? Est-ce possible que j’aie oublié de regarder, que je n’aie pas remarqué comment les feuilles occupent harmonieusement l’espace ?
Sur la véranda, les rosettes fleurs/feuilles sont toute rabougries. Là encore, l’effet de perspective, les plaquant au plafond, rend leur fin programmée, naturelle.
La tige s’est courbée. Tout au long, je suis la trâlée de minuscules bourgeons roses. Attendons la suite.
Il y a toujours une suite, le printemps après l’hiver. Je guette sa gestation au creux des feuilles des iris, cependant que le gingembre et le curcuma ont fini par se défeuiller complètement, vie réduite aux rhizomes affleurant hors de terre. Les voilà, mes kigos intangibles de printemps !
Méditation sur ces feuilles-cœurs, feuilles-sœurs, vert pâle sur le bleu tendre d’un matin. Deux feuilles et rien d’autre, offrant leur rondeur, élan vers le bleu qui s’intensifiera… peut-être jusqu’aux limites de l’indigo.
Fragilité sublime que rien ne brisera. Veillant sur elles, la silhouette impressionniste du buis de fleurs attendant sa saison de fleurs et de parfums.
Vrai réveil, comme celui que décrit le prophète Isaïe :
Ils se réveilleront, crieront de joie
ceux qui demeurent dans la poussière
car ta rosée, Seigneur, est rosée de lumière
et le pays des arbres redonnera la vie.
Bleu plus vif du ciel
c’est lui qui fait caracoler
les ombres du mur
(16 juillet 2020)