Le retour du liseron
LE RETOUR DU LISERON
Agapanthe 23,
Planète bleue qui tournoie,
qui brouille et efface parfois les repères :
rien plus jamais comme avant…
Un an à attendre le point de retour,
Noël… le reconnaîtrai-je ?
Plants de liseron
leurs bleus s’accordant
à l’azur du ciel
avant la floraison, pourtant
imaginer ce qu’on veut
Bleu liseron… l’idée folle qui me vient d’en transplanter sur mon balcon. Imaginer les cœurs des feuilles accrochés — liane accroche-cœur ? — annonçant je ne sais quel triomphe de trompettes bleues… Alléluia ou blues pour l’année qui finit sur son air (erre) de pas tranquille, de que sera demain.
Liserons tant aimés, tant chantés. Éternellement résurgents du puits de Chiyo-Ni :
liseron au seau du puits
à mon voisin je vais
quémander de l’eau
Me risquerai-je à une interprétation pseudo-psychanalytique ? Ce liseron n’est-il pas cette « chose » qui nous côtoie l’existence ? le puits, ce vide autour duquel nous flânons, nous errons, duquel nous nous approchons parfois dangereusement et qui nous happe la raison ?
Et le jardin planté autour, ultime barrière à nos effondrements. Nuit intérieure d’où vient la création.
Ce jardin que cultivera le sage Zadig, il convient de l’entretenir jusqu’au bout. Au-delà ?
Tant d’étoiles
illuminant la nuit
et après plus rien
Je retrouve ce haïku noté sur un fragment de papier arraché à un brouillon, avec sa troisième ligne affirmative, craintive, interrogative, suspensive… suivant convictions.
Il a pu servir de signet à ce livre fréquemment feuilleté : La fleur de Chiyo, d’isabel Asùnsolo, Éditions Henry
Près du soupirail, des taches vives ont attiré mon attention : dans chaque pot, au bout de minuscules vrilles délicates, de petites fleurs blanches striées de bleu, de de rose et de mauve étaient en train d’éclore.
Des liserons multicolores.
Des gloires du matin à repiquer partout sur la place avec les habitants du Hameau.
Bonheur de relecture.
(22 décembre 2020)