Chanson de pluie
CHANSON DE PLUIE
Jour après jour
tombe la bruine
la vieillesse me saisit
Le haïku est de Ryokan. Comment exprimer mieux que lui ce que je ressens en ce matin pluvieux escamotant les montagnes du paysage coutumier.
Mais la pluie est une chanson douce, la brume aussi. les arbres ont retrouvé leur air pimpant. Je recopie le psaume du jour :
« Montagnes, portez au peuple la paix
collines, portez lui la justice »
Leur disparition n’est que momentanée, changement de décor pour l’opéra de ce mardi. Le prélude, dans la nuit.
De l’araucaria
regarder danser la nuit
un peu de travers
l’impression que mes épaules
sous le poids des ans s’affaissent
Vivre la paix des montagnes et celle de leur absence, la vie et la mort.
Je songe à Montaigne ce matin. Le texte étudié en seconde traitait du « pensement » (terme employé par le Lagarde et Michard de ma jeunesse) de la mort qui permet de s’accoutumer à elle, ne plus la redouter, s’en libérer en quelque sorte.
Ma jeune tête de 16 ans avait réfuté — dans l’intime ; à l’époque, il eût été incongru de s’opposer au professeur… et à Montaigne ! — cette philosophie. Et je lis, aujourd’hui, que Montaigne lui-même était revenu sur son discours à la fin de sa vie.
« Nature lui apprend à ne songer à la mort que quand il meurt », écrit-il, prenant exemple sur les paysans.
Ainsi font les animaux et les plantes sages.
Ah ! J’ai trouvé un titre pour mon journal-blog 2021 : DITS DE JARDIN ET DE BIBLIOTHÈQUE.
frosty evening
the smell of the book
just arrived
odeur de papier se mêlant au petrichor…
(5 janvier 2021)