La pli tonbé
LA PLI TONBÉ…
Merci Bondiè… la pli tonbé… mayi pousé… la mizé fini pou nou…
La pli tonbé… toute la nuit. Et ce matin, ciel bleu, comme si de rien n’était. Seules cicatrices : ces fleurs tombées.
Tangaj la pété L’orage éclaté
flër an poundiak pou tonbé tant de fleurs tombées
flër an poundiak pou énète tant de fleurs à naître
(mon haïku paru dans Cent haïkus pour la paix, Éditions L’iroli)
Quoi qu’il advienne, la nature demeure en paix… pour peu qu’on lui permette de se ressourcer, de renaître.
J’aime ce dessin de Sempé paru dans le magazine La Vie du 7 janvier : l’arbre coupé à ras de terre, racines fantômes sinuant dans l’herbe… et, au bout de l’une d’elle, un surgeon allègrement feuillu.
Image résiliente qui fait sourire la promeneuse contemplative. Année 2021.
Se réjouir d’un dessin, d’une pensée optimiste, n’est-ce pas se plonger au sein d’une bulle d’insouciance réparatrice ? Y lover sa rêverie le plus longtemps possible avant de regagner les pénates rocailleux du quotidien.
Bulle de protection, de guérison ; pas tour d’ivoire. Les chants des oiseaux me parviennent… et le pétrichor.
La pli tonbé… mayi pousé… dit la chanson haïtienne, voix de Bellafonte gravée en ma mémoire.
La bulle est transparence qui ne m’ôte pas la vue.
Tiens ! L’oiseau d’hier est revenu dans son cadre de feuilles, tourné vers le soleil. Et si je l’appelais Tournesol ?
Qui sait si fleurs et oiseaux ne dialoguent pas, n’échangent pas leurs noms !
Tombé du nid
oiseau flottant dans la bassine
Ophélie ? Ancolie ?
Nom de séquoia
le plus grand arbre du monde
s’appelle Hypérion
Mais aimez-vous vraiment les noms que les humains vous donnent ? Ne préférez-vous pas ceux que susurre le vent ?
(13 janvier 2021)