Les contours du liseron

Publié le par Monique MERABET

Les contours du liseron
Les contours du liseron

LES CONTOURS D’UN LISERON

 

Liseron

d’un point à un autre

volubile

 

Le liseron s’attache où il veut ; de préférence à une autre plante ; il dédaigne la balustrade en fer du balcon… tant pis pour moi qui rêvais guirlande vert et bleu.

Mais le liseron ne pousse pas pour moi. Oh ! Peut-être un petit peu… tout de même ?

Il y a une longue complicité entre la gent volubilis et moi. Son effet kass kontour me séduit.

A-t-on recensé le plus long liseron du monde ? Y a-t-il un institut de mesure des lianes vagabondes ? Un concours pour jardins en liberté ? Celui qui baguenaude au sommet de l’avocatier, figurerait-il au livre des records ?

Tant de choses seraient intéressantes à connaître, à annoncer ! Belles choses que clameraient les hérauts aux quatre horizons de notre ronde terre : Oyez ! Oyez !

Retour aux émerveillements, pensées douceurs pour égayer les jours d’avant, d’après, de pendant nos pandémies, nos palinodies…

Palinodie : mot trompe-l’œil qui cache sous ses phonèmes lisses (rimant avec mélodie ?) de bien vilains sous-entendus.

Mot dont on ignore souvent la signification, qu’on emploie à contresens. Paresse à consulter un dictionnaire. « Vous croyez que c’est une bonne chose que d’obliger les lecteurs à avoir un dictionnaire à côté ? » m’a interpellée une lycéenne à qui je proposais un simple roman jeunesse « Lambrequins et vieux bardeaux » ?

Je pense aux mots de Monique Séverin dans Opus incertum (paru aux éditions SURYA en 2014) : aboulie, anamorphose, antigonie, entéléchie… pour décrire nos fragments de réalité réunionnaise, jamais acceptée pour ce qu’elle est, mal réveillée de son lourd passé d’esclavagisme et de colonialisme. Peuple en déni d’identité, d’acceptation de ses spécificités métisses. Quant aux discours dont on nous abreuve :

 

Basses messes

Convoquées en grande pompe

Agapè  Épicure

Rahat-loukoum

Repos pour les gorges loquaces logorrhéiques

Promptes en palinodies

Machiavel Judas

 

Un ouvrage fort, âpre, capable de réveiller les consciences… et qu’on ne trouve que rarement sur les étals de nos librairies et dans les rayons des bibliothèques de l’île.

 

Opus incertum*                                 *œuvre irrégulière

l’art consommé du liseron

qui sait où il va

en permanent marronnage

kass kontour dann shomin droite

 

(8 janvier 2021)

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M
Fleurs jaunes d'une liane qui déambule à sa fantaisie dans les arbres, écho à ton billet, chère Monique... Ah, notre oeuvre incertaine ! Merci.
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M
Lianes fleurs jaunes ou liseron, cependant, savent où ils vont.