Impressions de Nahaiwrimo

Publié le par Monique MERABET

Impressions de Nahaiwrimo

IMPRESSIONS DE NAHAIWRIMO

 

 

Début mars – la chatte

cherche ses petits

et moi le mot du jour

 

Nahaiwrimo devenu fantôme : cette sensation de le vivre encore, l’âme un peu dans le vague de se trouver sevrée de la découverte du haïku quotidien. Addiction aux haïkus… Nous sommes nombreux à l’éprouver.

Ce qui me manque surtout, c’est ce va-et-vient écriture/lecture avec les amies qui m’ont accompagnée dans l’aventure.

Et le bonheur des commentaires éclairant tel ou tel tercet, petite échappée vers l’intime ou le quotidien de chacune.

Voilà pourquoi nos haïkus sonnent vrais, ont du sens puisqu’ils s’inspirent toujours d’un vécu d’aujourd’hui ou d’hier quand la mémoire se pointe et prend toute sa place, ravivant ces éclats d’existence. La grâce du haïku n’est-elle pas dans cette capacité à emmêler les jalons du temps ?

Nos fragments du matin, d’une après-midi, sont là pour en témoigner, pour retenir ces jours trop courts de février.

 

Fin de nahaiwrimo

la lune en ses atours

d’une nuit sans étoile

 

Pour ma part, j’ai tenu à rajouter à mes tercets une touche de créolité par l’utilisation de cette langue riche et belle des Réunionnais, l’expression de leur histoire, de leur âme, des paysages de leur île…

Le Créole est langue un peu délaissée ; on hésite à la lire, plus encore à l’écrire. Est-ce parce qu’on la pense inutile — ma fiy, kisa i koz ankor kréol koméla ? — ou par paresse à chercher le mot, l’expression juste de nos parlers d’enfance enfouis en nos mémoires, qui nous revient parfois… sur le bout de la langue ou ne revient pas ?

Le travail de traductrice auquel je me suis livrée m’apporte jubilation. Celle de créer un pont entre mes deux imaginaires lexicaux, celui du créole et celui du français.

C’est sans doute un peu le même processus de re-création qui a prévalu dans l’album de Céline Huet, 366 pensées Anloule lo kèr (paru aux éditions Orphie. J’y ai emprunté chaque jour une citation de circonstance.

 

Tout a une fin… Comme il est coutumier de venir saluer et présenter les acteurs quand le rideau se baisse, laissons défiler le « générique » de notre performance :

Blandine Berne, Madeleine Hoarau, Françoise Kerisel, Françoise Lucas-Arbogast, Monique Merabet. Toutes ont écrit (et publié) des haïkus pour recueils, blogs, revues, réseaux sociaux…

Merci aux lecteurs qui nous ont fait la grâce de nous lire chaque jour.

À l’année prochaine ! Ou peut-être avant, qui sait ? Kisa i pè konète ?

 

(2 mars 2021)

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