Scènes de nuit

Publié le par Monique MERABET

Scènes de nuit

SCÈNES DE NUIT

 

 

Jardin de nuit

n’ai-je pas entendu

bruire une palme ?

 

Au jardin enveloppé d’obscurité, rien ne bouge. Si ce n’est cette fractale de fougère puisant à je ne sais quelle source lumineuse son étincellement. Causé peut-être par le déplacement d’un lézard, d’un papillon. Invisibles.

 

Clignotement

qu’insuffle une brise

imperceptible

 

Tant de mystères nous approchent. Je regarde les ombres s’étaler au mur. Pour me rassurer je m’ingénie à les identifier, à les rattacher au réel des plantes que je sais là.

Hélas ! Je sais pertinemment qu’il y aura toujours un ombre orpheline dans mon appariement. Qui c’est, celle-là ? D’où vient-elle ? La liane qui s’enroule autours du pylône n’a pas pu produire feuilles si larges. L’angoisse de se demander qui (quoi ?) reste tapi là et ne se manifeste qu’au fénoir. Frissons. Je m’empresse de refermer le volet, de l’assujettir avec la bascule, de tourner le verrou plutôt deux fois qu’une…

 

Ciel uniforme

la petite cuillère crée

tourbillons au café

 

Ces choses (êtres ?) qui apparaissent à la surface. Venues de l’intérieur du monde, du subconscient que je lui ai créé à force de ressentis — parfois inconscients — afin de le relier à moi.

 

Petit déjeuner

des belles de nuit éteintes

la fragrance au café

 

Échos de la nuit qui me quitte en tapinois. Il doit bien rester quelques atomes du parfum des belles de nuit fanées, de tout ce fénoir qu’elles ont habité de leurs corolles qui ne durent qu’une nuitée. Et la vie continue à l’abri des pétales chiffonnés, le temps qu’une graine se forme et s’arrondisse, petite balle noire et grenue, qu’une invisible sarbacane lancera à quelque distance pour perpétuer le buisson, agrandir son territoire, coloniser le terreau des jardinières de thym ou de persil.

 

(17 mars 2021)

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