Diaphane

Publié le par Monique MERABET

Diaphane

DIAPHANE

 

 

Flamme dans ma paume

le jaune translucide

d’une feuille d’évi

 

Ciel bleu et oiseaux, mon horizon chante. Une mouche bourdonne en contrepoint ; elle a repris son fief qu’est ma véranda. Renouveau ?

J’ai capturé un petit plus de lumière — feuille d’évi recueillie avant qu’elle ne tombe — là, au creux de ma main.

Je ne saurai nommer cette nuance diaphane : jaune clair, citrine, topaze, lune pâle… ? Quelque chose de tendre et d’apaisant, une teinte non uniforme, ombrée, plus foncée à la base. Elle porte en elle vie : le long de la nervure centrale, trâlée de pucerons… Ah ! Rêver d’une coccinelle !

Mon jardin de poche a fière allure, ce matin ; il a suffi de déplacer le pistachier au centre pour que se déploient ombelles de feuillage ; au fond, les repousses de papyrus, une menthe, un oignon. Tout a son importance.

Baguenaudant sur ma page, j’observe des fourmis de plus en plus petites. Fuyant le sol détrempé, les insectes ont déménagé leurs couvains vers l’intérieur de la maison. Toute une fourmilière parfois dans un fruit éclaté, un morceau de pain. J’y ai repéré les œufs et la reine.

Plus volumineuse que les ouvrières, la reine a un jour porté des ailes pour l’unique accouplement de survie. Se souvient-elle qu’elle a un jour volé, redevenue reproductrice au sol ? Ou bien a-t-elle enfoui ses souvenirs ailés en subconscient, comme font les humains de leur séjour amniotique ?

Devrai-je mentionner les fourmis en enfer, au purgatoire, en paradis,  évoquant leurs va-et-vient incessants en quête de nourriture, exposés aux dangers de noyade ou de combustion.

Le purgatoire, peut-être, mais pas l’enfer qui est réservé aux bétonneurs cupides portant atteinte à la quiétude des âmes.

 

Goutte après goutte

clepsydre du robinet

berçant mon dimanche

 

(2 mai 2021)

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