Les jours se suivent
LES JOURS SE SUIVENT
La famille froissée
entre mes doigts déliés
un parfum de menthe
un nouveau jour vient de naître
chantent mes mots délivrés
L’automne se remet au bleu. Respirer. Juste un tramail de nuages voiles en filigrane, si léger. Casser l’uniformité.
Cette journée ne ressemblera à aucune autre.
La Terre a-t-elle conscience que ses tours mécaniques sont vécus de façon si différente… à cause du temps qui met des rides à nos fronts, du sel à nos cheveux, des craquements dans nos os, à cause de nos pensées qui s’ébauchent dans l’intime, s’affirment, s’accomplissent tantôt en une plage de sérénité, tantôt en une vision fugitive d’enfer, à cause des sentiments qui nous animent, tristesse ou gaîté, houle tumultueuse qui nous submerge et se retire, ne laissant que la conscience d’être vivants, d’avoir vécu ?
La Terre a-t-elle de ces sensations changeantes ?
Ah ! Elle vieillit comme tous les corps célestes se frottant à l’émeri des poussières d’étoiles et nos dégradations journalières la dépouillent chaque instant un peu plus de ses joyaux.
mais elle a commencé sa ronde avant nous, la Terre, et elle nous survivra avant de rejoindre une nébuleuse — le paradis des planètes — pour un recommencement. Sans nous.
Ma plume délivrée de ses ressentiments chante une hymne au soleil. Je préfère le féminin « une hymne » (quelque chose de sacré) au masculin « un hymne » (aux relents guerriers).
À nouveau, l’automne se confond avec le printemps : ballet nuptial des oiseaux sur les fils et leurs chants… et leurs chants…
Un moineau s’envole
Hop ! mon regard le rattrape
ombre sur le mur
Tour de prestidigitation. J’applaudis le ciel. Changement de dimensions, de l’espace au mur. Quel artiste humain saurait nous émerveiller de cette magie-là ?
(9 mai 2021)