Se sentir aimée
SE SENTIR AIMÉE
Sans une fleur
de quoi as-tu donc manqué
petit lys orange ?
Nous sommes le Premier mai et ta saison est passée…
Je me demande souvent pourquoi telle plante n’a pas fleuri, pourquoi tel arbuste s’est desséché, pourquoi les graines se sont perdues sans même laisser pousses à son pied.
Faut-il croire que l’existence des végétaux est aussi aléatoire que celle des humains ? De l’eau et du soleil ne suffisent pas.
Nos existences connaissent hauts et bas et ne sont jamais fleuve tranquille. Comme nous, les plantes sont soumises au stress, aux maladies, aux pollutions, aux aléas climatiques. Au manque de soins et d’amour, aussi. Peut-être ne me suis-je pas arrêtée à son chevet assez longuement, peut-être ne lui ai-je pas susurré des mots doux. Lui dire qu’elle est la plus belle, que j’attends chaque année son retour.
Ce que l’on croyait permanent, ce qui nous était certitude, s’effondre soudain et nous laisse rompu de pourquoi.
Me reviennent les paroles de la chanson que chantait Graeme Allwright (La mer est immense)
Sur un jeune chêne je me suis appuyé
croyant qu’il allait résister
mais hélas il a plié
comme mon amour il s’est brisé
L’amour dont on se sent vite dépossédé. Alors que la haine, elle, tient à l’âme konm karapate su tété bèf (comme des tiques sur le pis de la vache), elle dispose d’une éternité pour enlaidir les sentiments. Ainsi en est-il aussi du ressentiment, de la rage, de la frustration, du sentiment de n’être plus rien. Ces vieux démons que l’on redécouvre à chaque affront, à chaque iniquité, rompant notre quête de paix et d’amitié.
Ah ! Cet amour qui nous échappe ne serait-il pas ce que nous appelons Dieu ? Cette plénitude que l’on partage parfois, fulgurance, corolle orange piquetée de brun comme un mandala.
Un chemin de perles
au vieux tronc de l’arbre à pain
me sentir aimée
(1er mai 2021)