Univers d'un haïku
UNIVERS D’UN HAÏKU
La nuit qui descend
ses yeux ne voient presque plus
ni la lune ni l’étoile
Regarder les oiseaux voler, quel bonheur ! Et ces drôles de nuages, mi-cirrus, mi-fumées…
Lundi matin. Il tente d’apercevoir le ciel ; il est allé prier face à un carré de vitre, là où il distingue parfois la lune.
Désespoir de l’obscurité qui gagne, jour après jour. Il espère encore.
Il n’a pas vu les oiseaux ; il entend leurs chants.
« Nous avons des oiseaux », sourit-il. « Eux, n’ont que des gargouillis de mortier remué à la pelle. » Ciment et gravats d’un chantier.
Le ciel bleu
par-dessus le toit
touffe d’herbe
Une graine s’est déposée là-haut. Merci le vent, merci l’oiseau. La pluie a fait le reste. Pluie-fée.
Tous ces petits mots sans suite semés en bleu sur page blanche, est-ce écrire ?
Petits mots sans hâte qui tracent une phrase, tipatipa. Parfois s’accomplit un haïku, un tanka, mes expressions privilégiées. Le seul moyen de ralentir le temps d’une parenthèse d’éternité.
L’univers d’un court poème se déploie. trois lignes, cinq lignes, circonscrivant tout un monde. Va-et-vient de l’extérieur vers l’intérieur de l’être, de l’intime vers l’universel. Mots en partage toujours.
Le sésame du haïku est dans ce pont qui permet de faire un bout de chemin vers l’autre, de l’autre côté, de rendre possible la rencontre de deux imaginaires.
Il suffit de passer le pont
c’est tout de suite l’aventure…
(3 mai 2021)