L,âme de la lune
L’ÂME DE LA LUNE
Lune blanche
est-ce son fantôme
que je vois ?
Encore ronde et entière, comme flocons de nuages au ciel bleu.
Un oiseau vient boire au balcon et je me sens utile soudain ; j’ai accompli ma mission de « donneuse d’eau ». Que pourrai-je faire de mieux, un samedi de mai ?
Au mur les feuillages projettent une ombre de plus en plus déformée. Ainsi la lune à un moment de gibbosité.
Phénomène de distorsion auquel je n’avais pas prêté attention jusque là. matin de sérendipité et désir de m’interroger. Pas sur un théorème régissant la projection spatiale. Non, sur l’âme, carrément !
Sommes-nous dotés à la fois d’une âme individuelle et d’un « intellect possible », commun à tout ce qui est vivant, ainsi que le prône Averroès ? Information glanée au Purgatoire de Dante… Sérendipité, disais-je.
À notre mort, nos âmes rejoindront-elles un grand Tout où leurs empreintes s’effaceront, se fondront à celles d’autres existences, comme s’effacera bientôt la lune blanche ?
Je remercie l’astre de m’être apparu ce matin à l’ouverture des volets ; il m’a suffi de chercher la bonne direction, de suivre le chant de l’oiseau du manguier.
Ce chant qui s’élève
au bout de mon regard
lune du matin
La nue est si vaste que le regard se perd parfois et se blesse à l’immobilité du béton environnant. Et l’oiseau…
Dans l’étroit passage qui mène de la véranda au jardin, les belles de nuit à leur dernier souffle. Elles se sont rassasiées de lune, c’est certain !
Huit heures viennent de sonner et je m’attarde un peu dans leur plénitude de rose. Ce calme qui enveloppe la ville.
Le voisin sifflote
Le temps des cerises – le goût
des fruits dans ma coupe
(29 mai 2021)