Mosaïques

Publié le par Monique MERABET

Mosaïques

MOSAÏQUES

 

 

Moucherons

ombres funambules

sur le mur

 

Mes yeux papillotent un peu à force de fixer les plantes mellifères que je vois défiler sur mon écran. Mais les catalogues Google sont faits pour l’hémisphère nord, pour les abeilles rayées type Maya et non pour nos petites ouvrières noires ; du coup, je n’ai pas appris grand-chose de nouveau pour mon jardin austral.

Retenir néanmoins le chèvrefeuille. J’en avais planté un dans le temps ; et puis, il s’est desséché suivant les cycles mystérieux de ces plantes qui apparaissent ou disparaissent sans que l’on sache pourquoi : trop de… pas assez de… nouvelle espèce d’insectes gourmands de tiges et de racines.

Décrocher donc de la petite lumière bleutée qui ensorcelle ; me reposer les yeux aux belles de nuit de l’ombre. Me complaire à leur mosaïque fuchsia et blanc savamment pavée aux pétales. Œuvre de peintre de la nuit, élaborée aux gènes mêmes du végétal.

Un peu comme si nous apparaissaient sur la peau — teinte pâle, teinte sombre — des tatouages spontanés, une chamarrure aléatoire de couleurs. Une fleur sur chaque joue, une coccinelle au bout du nez, une chenille galabèr… Oups ! Non, pas de chenille !

Aux rides de mes mains, un liseron bleu ciel ferait des vaguelettes sur lesquelles surferaient les fourmis.

Rien de tout cela, hélas ! J’ai dû me contenter d’une mouche des fruits jaune et noire très affectueuse, ne décollant pas des taches brunes de mon bras, ou encore d’une punaise verte à mon poignet pour un selfie.

Parfois d’éphémères pétales de buis de Chine égayent mes cheveux ou une grosse feuille d’arbre à pain  se colle au bas du pantalon, à l’ourlet d’une robe.

 

Passer sous une arche

le bégonia arbuste

me vient de ma mère

 

Cultiver le jardin que l’on a.

 

(9 juin 2021)

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