Le monde se tait
LE MONDE SE TAIT
Ombres et lumières
les belles de nuit se défont
de leurs teintes vives
des graines déjà se forment
promesse d’autre arc-en-ciel
Juin poursuit sa route : examens, attente de résultats, mutations, changements de niveaux… je demeure sensible au monde scolaire pour les jeunes générations.
Tout est en suspension, fragments d’espoirs, de craintes, de décisions juxtaposés. La vie n’est plus rien qu’un sac de possibles qu’agite (peut-être) un quelconque démiurge.
Les instants sont cailloux de Petit Poucet qu’on sème dans une foret de mémoire et qui se perdent dans notre avancée vers le je ne sais quoi, l’inconnu d’un lendemain, un au-delà au bout, j’y crois, j’y crois pas.
Retour à la suspension…
Dans l’air immobile
au bout d’un fil invisible
tourbillon de feuilles
jusqu’au kairos, point final
qui fera tout basculer
La feuille finira par tomber sur l’endroit ou l’envers.
Curieuse cosmogonie de ces instants-suspension à la recherche d’une île chimérique qui nous ressemble ; qui rassemblera chacun de nos fragments en un Taj-Mahal ou les dispersera, château bâti de sable du rêve.
Quand je me perds — ou me retrouve ? — ainsi dans mes pérégrinations interstitielles, le monde se tait, le bruit d’une goutte d’eau laissé en veilleuse.
À part ces miaulements d’un gros matou qui hante mon jardin, les plantes s’immobilisent soudain : papyrus de paille, liane qui ne souhaite pas s’accrocher au métallique…
nuit fraîche de juin
le mirabilis minuscule
se fait liseron
Au buisson, myriade d’yeux noirs
bèl de nuite i vèy anou…
(25 juin 2021)