Les gri... gri... les grillons
LES GRI… GRI… LES GRILLONS
La mélopée
des grelets
l’entendrai-je encore ?
Un mot, au hasard d’une page lue au crépuscule : Grillons, grelets, grelots, comme disait Papa. Il y a longtemps que je n’ai pas entendu leur mélancolique cricri. L’année dernière ? Je ne sais pas. Qui connaît les effets de la pandémie sur les cycles des grillons ? Quoique… je soupçonne plutôt les bétonnages pernicieux.
Chœur lancinant dans le soir qui tombe et qui s’interrompt brusquement. Unisson avec les étoiles.
Mélancolie d’un jour qui finit, qui se penche sur ce qui a été réalisé (créé ?), sur ce qui ne l’a pas été. Bilan que l’on pose malgré soi et qui occupe parfois les heures insomniaques.
À la place des moutons, compter alors tous les petits riens qui nous ont fait plaisir : la figue savoureuse, le bleu pruiné d’une quetsche importée — me ramenant à la haie de Haute Provence —, le clin de soleil d’après-midi faisant danser un rayon sur les tranches des livres de ma bibliothèque, le quatrain écrit sur le tard puis remanié grâce aux grillons de souvenance.
Tant de rumeurs citadines
s’apaisent quand nous parvient
la mélopée sibylline
des grillons musiciens
Et si la fatigue pèse sur le dos qui a tant porté, soulevé, rangé, sur les yeux pleurant qu’ils n’ont pas eu leur content de sommeil… qu’est-ce que cela devant la somptuosité du soir ?
À travers les branches
capter la lueur fugace
jaune du couchant
Dans l’ouest, cela doit être sublime ! Images d’un retour par la côte ouest et l’or d’un soleil irradiant la mer ; dans la pénombre d’un champ de cannes, l’envol d’un papangue.
Fraîcheur du soir
lune d’équinoxe presque
ronde déjà
(18 septembre 2021)