Ondes d'eau et de lumière
ONDES D’EAU ET DE LUMIÈRE
Reflet d’un auvent
un trapèze de lumière
aux bords qui s’effritent
soleil qui s’effacera
pour renaître au lendemain
La lumière a changé de saison. Bleu vif dans l’embrasure des volets. Barre de jour captée à ma fenêtre.
Les iris en sous-bois du buis de Chine, n’ont pas encore relevé leur trio de bractées. Rose des vents arrêtée à Beau fixe, je me fie à sa boussole : trois points d’horizon et le cercle imaginaire circonscrit. Sans circonférence matérialisée. Rien à mesurer.
Une corolle, aussi petite que nous la voyions n’est pas là pour nous enclore, mais pour libérer toute la poésie que nous sommes capables d’accueillir et de transmettre. Je ne peux m’empêcher de penser que le cœur jaune d’or des étamines, n’est qu’un épicentre, irradiant des ondes. Petits séismes comme pour le caillou lancé dans la mare, onde de choc démultipliée.
L’eau, en dépit de sa fluidité, nous laisse voir la houle des rides. Avec la lumière, tout est plus subtil : il faut créer des lignes virtuelles, les imaginer qui se propagent, ressentir les vibrations, comme on « lit » les non-dits d’un haïku, dans l’entre-deux séparant deux mots.
Ce que symbolise à merveille la grenouille de Bashô qui crée de l’incréé, qui donne à entendre, à voir, à ressentir à l’intérieur la vibration du plongeon, reliant l’expérience sensorielle, objective, à l’intime.
Le haïku contient en filigrane la nostalgie de ce qui finit (notre expérience), et la promesse de ce qui recommencera (la foi). Le moins et le plus toujours en équilibre.
Rose épanouie
y fixer mes yeux et voir
tout cet au-delà
(4 octobre 2021)