Tohu-bohu
TOHU-BOHU
Septembre incertain
tohu-bohu des nuages
qu’en sortira-t-il ?
Le vent brouille les saisons. Ce matin le ciel n’est qu’un chaos de nuages. Monde en gésine où se mêlent les émois du siècle sous pandémie, les craintes de robotisation, de numérisation modifiant l’intelligence, la recherche des valeurs perdues.
Les jours, comme feuilles mortes, les souvenirs et les regrets aussi…
Pourtant au début de mes années de septuagénaire, je ne devrais plus m’inquiéter ; je n’ai plus très longtemps à subir ce qui m’est désagréable et j’ai en perspective une infinité d’instants agréables à vivre.
Infinité de l’intérieur à l’instar de cette notion mathématique qui nous apprend que l’infinité se loge dans le plus petit intervalle que l’on puisse concevoir ; entre deux points d’une courbe, entre deux nombres, on peut en imaginer autant d’autres que l’on veut.
Nous qui nous plaignons de la brièveté de l’existence — l’iris d’un jour, le papillon n’ont point de ces doléances — alors que nous n’utilisons pas à pleine joie les instants offerts ou dérobés.
Bénis soient les instants volés
Où l’on se recompose un monde
Pour une nuit, une seconde
Bénis soient les instants volés !
Nous avons aussi tant de mal à nous arracher aux ornières de ce regret de ne pas être éternels, l’amertume de cette punition dévolue à Adam et transmise à ses descendants.
Un calembour d’ivrogne dit : « Quand mon verre est vide je le plains, quand mon verre est plein, je le vide. »
Belle allégorie de nos existences d’humains pressés, passées sans s’attarder sur la douceur exquise du vin ou des instants.
(27 septembre 2021)