Codicille au cardinal
CODICILLE AU CARDINAL
Octobre est rouge
dans la voix du cardinal
ce matin
Cardinal perché à la place du bulbul, aujourd’hui. J’ai failli en siffler : Uit-Uit-Uit…
Je crois entendre trille de merle pas content. Sus à l’usurpateur !
Uit-Uit-Uit léger du mâle rouge, oiseau moqueur. Qui va à la chasse…
Un cardinal est toujours évènement à marquer d’un nœud rouge aux neurones. Il y en a déjà tellement et de tant de couleurs dans notre cerveau : un vrai sac de nœuds !
J’ai envie de reprendre mon testament au coquelicot :
Faire testament idoine
Mon âme aux coquelicots
D’Hell-Bourg ou de Macédoine
Mes souvenirs aux oiseaux
… Lui rajouter un codicille :
Cardinal un codicille
Te lègue l’or des couchants
Aussi tous les flamboyants
Au bout de la ville
Tout ce que je vois de ma fenêtre, au bout de ma lorgnette — et que je laisserai derrière moi — ne m’appartient-il pas ? Alon fé sanblan.
Loin très loin derrière
les nuages moutonnant
la rose peut-être
voir avec les yeux du cœur
et avec le bleu du ciel
Ce matin de tit-pigeons refermés, de soleil revenu, les iris, plus vigoureux, tendent leurs voiles vers les moutons de nuages. Toujours se souvenir du Petit Prince.
Compagnon des jours de brume, des jours éclatants, ami des crépuscules quand la lune s’en vient ou s’en va. Penser à cet au-delà rallumant les étoiles de nos âmes parfois lasses.
Écrire ou lire devrait toujours conduire à cet envoutant compagnonnage avec un auteur, un personnage. Une rencontre qui ne se perdra pas dans l’oubli des mots, le livre une fois refermé. Un écho rémanent de quelque chose de vécu ou à vivre.
Cette citation de Ionesco m’arrive à propos.
« Le fait d’être habité par une nostalgie incompréhensible serait tout de même le signe qu’il y a un ailleurs. »
(15 octobre 2021)