Les chats du quartier

Publié le par Monique MERABET

Les chats du quartier

LES CHATS DU QUARTIER

 

 

Écailles au tronc

inscrivant d’étranges runes

l’arbre se souvient

 

Chats miaulant, ronronnant, bondissant, se léchant ventre en l’air, queue redressée et arquée au bout : tous ces signes de chats heureux… chez moi.

Élisa les a baptisés, comme elle le fait pour tous les chats de rencontre qui viennent jusqu’à sa maison. Elle me propose Pantouffle pour l’un/l’une. Pantouffle avec deux f, précise-t-elle. Mais le chat — qui ne saura jamais son nom — n’en aurait cure puisqu’il ne sait pas lire.

Ces chats ne sont pas miens même s’ils aiment mon jardin (il n’y en a plus beaucoup alentour). Les accueillir serait ouvrir le distributeur de croquettes à tous les errants du voisinage !

Tiens ! Le même raisonnement qu’on applique aux migrants humains…

Un groupe de réfugiés africains — que fuyaient-ils ? La guerre, la misère, la faim, la violence… — a été « mené en bateau » (sic) sur une plage d’Anjouan alors qu’ils visaient Mayotte la française. Triste ironie alors que les anjouannais tentent chaque jour de rejoindre le territoire français en koisakoisa !

Les chats, eux, se sont éloignés de ma véranda. Le jardin retrouve les bruits quotidiens de la maison qui se construit ; ils vont bientôt poser le toit.

Mon jardin en sursis. Ils ont déjà bien vécus, le manguier, l’arbre à pain, l’avocatier, les trois piliers des cours d’antan.

À leurs troncs s’incrustent des scarifications disant leur histoire, leurs saisons d’arbres, ainsi que celles des humains ayant hanté ces lieux.

 

Haïkus au tronc

une ligne au moins parle

de moi, des chats ?

 

(11 octobre 2021)

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