Brève histoire de moucherons
BRÈVE HISTOIRE DE MOUCHERONS
Vis-à-vis
en vol stationnaire
moucheron
Ne pas jouer au héron. Parfois nous n’avons que la grâce d’un moucheron à mettre au bout de la plume. Dans le but d’appâter de jolis mots pour l’écriture du matin ?
Nos regards statiques. Pas tout à fait : l’insecte fait vibrer ses ailes — entendre le bruissement
— et, battement probable de cils pour moi.
Se mettre à la portée l’un de l’autre, lui, le petit, moi, l’immense. Et l’infini de l’espace — même pas peur ! — entre nous deux. L’idéal pour une future amitié…
« Holà ! Tu dérailles Main Droite ! », s’écrie Main Gauche.
J’ai failli noter : « s’écrit ». Écrire et Écrier sont anagrammes. Quant au caractère pronominal qu’on leur attribue ou non, c’est au gré de l’auteur, deus ex machina.
Écrire et Écrier sont un peu synonymes aussi lorsque les mots surgissent du fond de l’être, souffrance ou joie brisant la digue du conscient maîtrisé, flot charriant brindilles d’espoir, jangada perpétuelle vers le port que l’on atteint, que l’on n’atteindra pas mais que l’on rêve d’atteindre et c’est si bon !
Quoi qu’il en soit de l’intérêt de mes élucubrations, le moucheron s’est sauvé depuis belle lurette. Qu’a-t-il pu voir dans mes yeux en bocal ? Peut-être son reflet, peut-être un autre moucheron derrière la vitre des lunettes, insecte posé sur mes paupières, mes sourcils, mes cils, si léger que je ne l’ai pas perçu.
Et alors ?
Alors… le moucheron libre a libéré le moucheron prisonnier. N’aie pas peur, petit ! Par ici, la sortie ! Et ils sont allés tous les deux, vibrionner sur le citron qui traîne sur ma table ; ils ont vécu heureux et ont fait beaucoup — beaucoup trop ! — de petits moucherons.
Comment appelle-t-on les bébés moucherons ? Des moucheronrons ?
Bon ! Prendre moucherons pour muse n’avance à rien ; ils sont un peu mouches du coche, il faut bien le dire.
Ma page brouillonne
dans ma tête j’ai gardé
fleurs de pêcher
Demain peut-être, pêchettes-surprise ?
(4 novembre 2021)