Ces chemins n'ont-ils pas été?
CES CHEMINS N’ONT-ILS PAS ÉTÉ ?
À quoi songe-t-elle
promenant sur l’entourage
son regard de sphinx
Elle, la chatte écailles-de-tortue. Moi, je regarde le petit pistachier du pot. Il a trop grandi et je n’ose l’étêter. Pas question d’en faire un bonsaï… je n’aime pas cette idée de torturer un arbre, de l’empêcher de pousser à sa guise dans la direction qu’il veut ou que le vent lui impose. À la jardinerie du quartier, on m’en proposait deux accolés, siamois aux troncs entrelacés.
Les arbres mis en pot grandissent toujours trop vite, font basculer le pot lorsqu’ils s’enracinent trop profond. Ainsi ce petit cryptomeria acheté il y a vingt ans comme arbre de Noël pour crèche…
« Il n’est pas de regret plus lancinant que le regret des choses qui n’ont jamais été » dit Fernando Pessoa.
Je fais défiler les images sur mon écran : ce qui a été, ce qui n’est plus. Regret ou nostalgie.
Mon plafond s’écaille
image d’une coupole
comme chant du cygne
Matin de novembre
nostalgie de givre ourlant
feuilles d’arbre à pain
Opéra lumière
les airs à la radio
nature morte vocale
Voilà ! En quelques phrases-haïkus, miettes de poèmes pour me construire un dimanche. Ni plus ni moins réelles que d’autres images, au fond.
« Chemins qui ne mènent nulle part ente deux prés
chemins qui souvent n’ont devant eux, rien d’autre en face,
que le pur espace et la saison. »
(Rainer Maria Rilke)
Ces chemins ont-ils un jour été ? Les petits chemins d’enfance entre champs de cannes et de géraniums, bordés de vétiver, entrent-ils dans cette catégorie-là ?
(14 novembre 2021)