Dialogues
DIALOGUES
La brise me berce
aux rameaux du cerisier
parlez-moi d’amour
le vrai langage des fleurs
que nous ne comprenons pas
Les iris sont là ; tels que je les attendais. La journée sera dialogues de fleurs et d’oiseaux. Ponctuation de cerises.
L’important est de savoir si, et comment, je m’y insèrerai, virgule emportée par le temps rôdant autour des lignes, point-virgule de bravade, accrochée à une idée fixe ?
Premier point d’interrogation posé à mon texte. Il sera suivi d’une kyrielle d’autres. Même dans les haïkus, les tankas, inflexion sous-jacente quand je m’oblige à omettre les signes.
Finalement ne serai-je pas qu’un oiseau d’interrogation, mis au bout d’un paragraphe ? De la journée ? De la vie ?
Je vis trop peu au présent. (. ou ?)
Mon écriture se hérisse de ces crochets visant à percer les mystères à venir. Parfois, je brouille les pistes, m’interdit de dessiner le signe… dans l’espoir cependant que quelque lecteur s’en empare, lui donne immédiateté de bon aloi… Là, je mets un point d’interrogation ou pas ?
Les oiseaux aussi semblent parfois s’interroger lorsqu’ils sont immobiles. L’air vibre de leurs demandes. Je crois qu’ils obtiennent des réponses car, eux, posent les bonnes questions.
Oiseau, es-tu là ? Le chant ou le silence est acquiescement, amen.
Dialogues
trâlée de moineaux
sur le toit
Je suis présence à leurs trilles, à leurs ébats.
Les fleurs aussi, ont leur langue à elle, si éloignée du pseudo langage des fleurs que nous leur prêtons. Pourquoi s’inquièteraient-elles de nos pusillanimes amours, amitiés, etc.
Quant à les comprendre, cela ne relève ni de mes capacités, ni de mes attributions de jardinière.
« Des fleurs et des livres, ces consolations au chagrin », écrit Emily Dickinson.
Et les fleurs qui sont dans les livres. Et les oiseaux. Laissons-les dialoguer.
(20 octobre 2021)