Le grain et la goutte

Publié le par Monique MERABET

Le grain et la goutte

LE GRAIN ET LA GOUTTE

 

 

Goutte au robinet

le chaton tente de boire

tant de temps passé

 

Clepsydre ou sablier : le temps que l’on peut remonter en retournant l’instrument. Une illusion salutaire.

Dans une pérégrination de grain de sable, que de temps écoulé ! Dans la vie d’un grain de sable, les métamorphoses successives, laissant forcément des rides… et l’abrasion terminale programmée. Une existence, quoi !

Pourrait-on baguer une des particules de sable, lui brancher un GPS, afin de suivre sa course, noter sa position, chronométrer le temps qu’il met à passer dans l’entonnoir ? Noter les variations entre deux grains, chacun d’entre eux n’ayant pas la même vitesse — les plus lourds tombent-ils les premiers ? Il doit bien y avoir quelque petit malin se coinçant entre deux autres ou restant collé à la paroi du bocal lors du retournement ?

Quelqu’un — savant fou — a-t-il envisagé de mener à bien cette étude ?

Ce que j’en dis… Moi je ne suis que poète, lanceuse d’idées, de chimères. Je n’ai aucune disposition ni aucun goût pour l’expérimentation scientifique. Je constate simplement.

Et mon robinet qui fuit comme clepsydre à flux continu. Combien de gouttes ont voyagé tout ce temps ?

Sans compter qu’il faudrait tenir compte de l’histoire du grain ou de la goutte, matérialisée sous nos yeux, à nos oreilles.

Sable venant du désert ou de la mer, grains portant la géologie de la terre d’ici ou d’ailleurs, marquez-vous le temps de la même manière ?

Y a-t-il des sabliers à grains de riz ou de lentilles — mais sans les cailloux, hé ! faut pas tricher ou alors, uniquement les cailloux venant du triage des lentilles — ?

Y a-t-il des clepsydres à vin pour marquer le temps des ris, des sabliers à grains de chapelets pour les prières ?

 

Blond ou gris

dans un grain de sable passe

tant de nostalgie

et le vin tiré à boire

même s’il nous rend si triste

 

(12 novembre 2021)

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