Hymne au chèvrefeuille
HYMNE AU CHÈVREFEUILLE
Jour de création
baptiser le chèvrefeuille
du nom d’olifant
Quelle lenteur à la cafetière aujourd’hui ! Elle semble avoir au moins dix années de plus que moi !
Rythme qui me plaît
entre deux gouttes s’écoule
un de mes instants
Le réveil goutte-à-goutte. Sur le chèvrefeuille tout frisotté. Ses pousses indisciplinées après ces jours de pluie. Hirsute comme ma tête avant le peigne. Comme mes idées en kaskassé.
Je guette un bourgeon floral émergeant de la tignasse verte — pas encore, pas la saison ? — comme je guette une idée joyeuse à siffloter, ou plutôt à dansotter au bout de ma plume.
Écrire l’histoire de mon réveil en chèvrefeuille en 3/5/3. Dire l’essentiel, extraire l’essence d’un ressenti.
Chèvrefeuille
tout échevelé
mon réveil
Vérité de la première image vue au balcon, mes cheveux pas encore démêlés, mes yeux malolés, mes pensées en nébuleuse, pour le dire poliment…
Lorsque s’annonceront les premières fleurs ivoire en forme de trompette, mon stylo sonnera de l’olifant.
Chèvrefeuille : des feuilles pour les chèvres ; on pourrait l’appeler aussi oliphant. Je ne sais d’où me vient cette analogie, comme d’un faux souvenir de déjà vu… Je n’ai rien trouvé sur Google pouvant attester cette élucubration.
Je n’ai rien trouvé non plus en cherchant dans les métaphores créoles désignant les végétaux. Rien d’étonnant à cela ! Le mot oliphant n’est pas venu jusqu’à ma langue maternelle ; seuls les termes techniques de marine sont arrivés avec les premiers habitants. Qu’aurait-on fait d’un cor ?
Olifant sera le nom poétique que je lui offre. Notre secret.
(20 janvier 2022)
*malolé : encore collés