Chatouillis
CHATOUILLIS
Alors monte
un rire ravi
d’enfant
Terminer un bonsaïku. En fait, lui donner une assise. Paradoxe de la lecture du haut vers le bas. Niveau juste au-dessus du mien, le haïku de ma co-autrice évoque les princesses-grenouilles des contes russes.
Ce rire en rappelle un autre celui du chatouillis…
Èl i grinp
bébète dann piédkou
digdigué
Elle monte
bête dans le cou
chatouillis
Ti shomin gran shomin : Avancée des doigts de l’adulte, prêts à digdiguer. « Je vais te manger » ? Effroi feint de l’enfant qui sait que ce n’est qu’un jeu, qui se contorsionne cependant. Et si c’était vrai, la dévoration annoncée ?
Le tout-petit sait encore pour son séjour dans le ventre de la mère. Réminiscence du stade amniotique… et s’il y retournait ?
Lui, il a goûté à la vie au grand air dont l’horizon s’élargit de jour en jour ; il a goûté au délice des sens, aux sourires, aux rires, aux câlins, aux mots doux, au lait tiède, aux autres saveurs qu’il expérimente, garde ou rejette. Lui faudra-t-il se reconfiner à la solitude obscure de l’utérus ?
Et l’agressive montée se conclut d’un chatouillis-caresse, soulagement pour sa chair agacée. Le câlin complice qui suit. Vie belle d’enfant choyé. Ne rien présager de la suite.
C’est ainsi qu’il nous faudrait vivre, se prélasser dans la douceur première ignorante de l’éphémère.
Être tout entier dans ce frisson de brise ce matin. Croire qu’il durera, qu’il nous préservera des ardeurs du soleil déversé sans ambages d’un lac de ciel bleu.
Bleu comment ?
Bleu jacinthe
c’est de saison
(27 janvier 2022)