Les moutons du subconscient
LES MOUTONS DU SUBCONSCIENT
Depuis la lune
Moman ! bann zéstratérèss
i vèy anou
Peut-être sont-ils encore là à lire par-dessus mon épaule mes premiers jets, mes brouillons.
Écrire un journal, c’est un peu faire le ménage chaque matin : un coup de balai sur les idées mortes ou fanées ; les envoyer loin de soi. Les glisser sous le tapis d’une prochaine nuit. Parfois en ramasser une, l’épousseter, elle peut encore servir, elle a gardé un peu de fraîcheur et de joie à raviver.
Matin d’avocatier
forte de ses rêves
une feuille luit
Et quand notre champ de neurones sera bien aéré, bien net, accueillir l’oiseau qui passe ou qui se pose.
Deux merles sont venus boire hier à l’écuelle du balcon. En catimini. Afin de ne pas alerter le chat. Silencieusement.
Le silence est toujours mesure de prudence.
Je lis que le covid peut avoir des conséquences à long terme sur le cerveau, en particulier sur la substance grise qui comprend les neurones. Voilà mauvaise info dont il faut se débarrasser au plus vite… comme on pousse les moutons sous le lit ou sous un tapis lorsqu’on n’a pas le courage de les trimballer jusqu’à la poubelle.
Depuis mon jardin
mon journal explore
tous les jardins du monde
Suivre en direct la montée du printemps, la rosée qui scintille dans l’herbe, les premières… jonquilles, jacinthes, primevères, violettes…
N’enregistrer que les bonnes nouvelles.
La joie d’être sauvé
un propithèque* couronné
né à Besançon
petit mâle très fragile
s’appellera-t-il Victor ?
*petit mammifère lémurien espèce menacée qui bénéficie d’un programme d’élevage conservatoire dans les zoos.
(9 mars 2022)