Les couleurs du vent
LES COULEURS DU VENT
Le petit oiseau
envolé en me laissant
couleur au vent
Le petit oiseau — moineau, cardinal ? J’ai cru discerner un reflet rougeâtre — est parti en direction des montagnes dès que j’ai posé les yeux sur le fil où il se balançait.
Tendresse infinie, douceur de ce geste que je ressens comme une invite à le rejoindre : Mon enfant, ma sœur, songe à la douceur d’aller là-bas vivre ensemble…
Me dépouiller des choses tristes. M’envoler à sa suite. Quel élan de vie dans son sillage ! Mon quotidien en est repeint de frais.
La journée en bleu, vert et vent. La couleur du vent, je la cherche depuis longtemps. j’ai toujours préféré la quête de l’impossible à une chasse au trésor d’or et d’argent. Nos vrais trésors sont dans le ciel, dans l’eau, dans le sol qui nous donne équilibre, et dans cette mémoire tellurique que l’on reçoit à sa naissance sur l’île-volcan.
Je ressens cette présence sur la terre dont je suis issue ; le feu créateur de formes et de couleurs, structures ébréchées de ces laves endormies, cordes ou gratons. Source d’inspiration pour qui sait voir avec les yeux de l’âme.
Ce matin encore, ces fragments brun roux dans une coupe ont pris silhouette de chaton endormi.
Je les prends en photo et découvre la richesse du cliché : tout ce qui m’apparaît et que je suis peut-être seule à voir. « Origènes », je crois que c’est le nom de ces figures animales que nous voyons aux rochers ou aux troncs.
Combinaisons fortuites de lumière et d’ombre ou vestiges de ce qui a réellement existé.
Kairos dans la course du soleil. Avant et après… nos yeux ne perçoivent pas les instants qui se succèdent au bonneteau du temps.
Ce sera peut-être ainsi que se révèlera la couleur du vent.
Le vent vert des feuillages qui dansent dans le vent.
Sur la fougère
qui s’immobilise
mon regard se repose
Le vent blanc des nuages vagabonds qui changent tout le temps.
Tôt levée
un nuage se dore
au levant
Le vent est lumière où sept couleurs s’irisent au matin. Merci à l’oiseau qui me les a portées aujourd’hui.
Percevoir
le vent dans la gorge
d’un oiseau
Et par une de ces coïncidences heureuses, je tombe sur cette citation :
« Le merle ce matin, désaltère son chant à l’abreuvoir du vent. » (Albert Strickler)