Fleurs du sostice
FLEURS DU SOLSTICE
Avant arrachage
dans ma poche billes noires
des belles de nuit
rêver d’un parterre ailleurs
et pourquoi pas sur la lune ?
J’ai entendu, il n’y a pas longtemps, qu’on avait fait pousser quelques radis dans la poussière ramenée de la lune ; de là, cette idée (farfelue ?) d’un potager pour ravitailler les futurs cosmonautes.
Ici et maintenant, mon existence arrêtée à ce passage où les mirabilis abondent, devenant envahissantes. Leur grâce m’accompagne au matin d’hiver. Froid, vent et les petits maux qui s’en suivent, allégés par la provende de corolles rose et blanc.
Avant d’aller dormir
humer ce parfum d’hiver
belles de la nuit
au nombre d’or harmonique
embellies pour mes rêves
Puis au jour nouveau, aller voir en catimini si dans le semis — jadis noyé, ô fleurs des murailles d’Ys ! — ne subsiste pas une graine oubliée de coquelicot qui germerait, grandirait, fleurirait. Pour toi l’abeille, pour ton œuvre au noir de miel et de cire en hexagones.
Sous mes yeux, les corolles refermées. Même si le soleil se cache encore frileusement — mon rêve de couette — les fleurs savent quand il est l’heure. Qu’il est temps de naître et qu’il est temps de mourir…
Je me demande cependant si quelque pensée follette ne couve pas sous la soie de leurs jupons…
Une folle histoire
un rêve d’éternité
au sein des pétales
sagesse des fleurs offrant
à demain poignée de graines
(14 juin 2022)