L'air du matin
L’AIR DU MATIN
Une ritournelle
rôde au réveil dans ma tête
landera déliré
Sur le pont du Nord, de Nantes
d’Avignon ou de Tréguier
Je songeais à l’amie Françoise ; Trégastel – Tréguier. Et l’air qui affleure à la mémoire :
Un jour sur le pont de Tréguier…
Les chansons d’autrefois qui ont bercé/nourri mes jeunes années n’avaient rien de Réunionnais ; elles appartenaient au répertoire folklorique français des régions souvent métropolitaines.
D’où venaient-elles ? Qui nous les apprenait au temps de la radio réduite à un gros poste à galène trônant dans la salle-à-manger ?
Dans la « Grande » salle-à-manger, devrais-je préciser. Celle qui ne servait que pour les jours de fête lorsque nous avions des invités : plancher vernissé — fallait pas oublier les patins pour la traverser —, vaisselier renfermant la porcelaine venue du catalogue Manufrance…
Les chansons d’alors, étaient transmises de bouche à oreille : la grande cousine revenait de ses camps d’éclaireuses, semant ses chansons scoutes aux plus jeunes ; les bonnes avaient des cahiers de chants, cerisier rose et pommier blanc, qué séra séra, papa aime maman… et tant d’autres scies de l’époque.
Frères et cousins plus âgés jouaient du banjo et leurs partitions nous apprenaient les paroles. Et puis au retour du frère aîné (parti en France pour les études), l’ouverture sur Brel, Brassens, Les Frères Jacques et la musique classique.
J’aimais tout ce que l’on me donnait à aimer.
Mais revenons à ce pont de Tréguier. Les paroles sont de Jacques Douai (recherche Google) et je me rends compte que je n’en connaissais qu’une version tronquée : la jeune fille sur le pont, elle a perdu sa bague, un deux trois, landéra… et le jeune homme qui plonge pour la rechercher sur la promesse d’un baiser… et pour le voir recommencer lui fait un doux sourire… dans l’eau il est resté.
La dernière strophe (que je ne connaissais pas) parle du père qui pleure ses trois fils ainsi noyés. Sans doute une de ces légendes bretonnes sombres à souhait, où se rencontrent ankou, morganes et fausses fées.
Sur le pont de Tréguier
croire prendre la lune
au collet
(9 mai 2022)