La joie miraculée
LA JOIE MIRACULÉE
(MAGNIFICAT)
1er juin 2022,
Hier le Magnificat de la Visitation : Marie se rendant chez sa cousine Elisabeth, toutes deux enceintes. Deux femmes portant promesses de prophètes pour le monde. Porteuses surtout de la joie de transmettre la vie.
Cette joie qui vient des entrailles, du plus profond de l’être. Et notre mission ici-bas est de la faire jaillir à la beauté, à l’amour, à la vie.
Et la louange. Âmes qui exaltent, qui exultent, qui bénissent. Le Seigneur fit pour moi des merveilles… Femmes qui vivront cependant la fin atroce des fils qu’elles ont élevés. Auront-elles alors gardé cette joie miraculeuse qui survit à l’absence, au deuil, à la séparation, à la douleur ?
La joie miraculée est le titre du livre de Sylvie Pasquier (aux éditions du 20 décembre). Je le lis actuellement et je ne peux m’empêcher de le comparer à un Magnificat. Tant est grande la foi de l’autrice en cette joie que nous portons en nous quelles que soient les circonstances !
Sylvie Pasquier a vécu l’arrachement de son petit garçon Paul (5 ans) et nous livre là un bel hommage à la vie, au-delà de tout. Et la conviction qu’une rencontre avec un Petit Prince, que cet amour partagé pendant cinq brèves années perdure à jamais.
« Tu n’es plus où tu étais, tu es désormais partout où je suis », écrivait Victor Hugo.
D’anecdote en anecdote, la mère égrène ces petits riens d’une existence : les anniversaires d’après qui restent fêtes, le pique-nique que l’enfant avait programmé, la petite robe à fleurs dont on n’a pas besoin mais qui crée un événement heureux… Et bien entendu, la présence, la petite voix, le rire cascadant des étoiles.
Sylvie Pasquier est une autrice belle à lire et belle à rencontrer au fil des pages. Émotion et empathie — qui n’a pas vécu cette injustice suprême que constitue la mort d’un enfant ? — sont au rendez-vous.
Mais ses paroles cependant sont universelles pour dire les merveilles…
« Profitez, n’en perdez pas une miette ! Pas parce que la vie est courte — non, la vie dure le temps qui nous est donné — mais parce que la vie est pleine d’instants uniques et merveilleux, de l’aube au crépuscule. »
Quelle force, quelle clarté dans cet ouvrage aux accents de poésie !
Grâce d’une lecture lorsque l’on se dit, le livre terminé — mais pas abandonné — que nous avons suivi une rencontre, une approche en âmitié.
Le livre ouvert
ce petit frisson d’attente
d’une âme autre
Écrire, n’est-ce pas l’art de faire émerger une vérité qui rencontrera d’autres vérités ?
Tout roman ne nous livre pas qu’une histoire faite de personnages et de péripéties mais toujours un peu de la propre histoire de l’auteur… A contrario, la relation d’un évènement intime, personnel, comme dans La joie miraculée n’a de sens que si elle débouche sur l’intime de l’autre, si elle ouvre une brèche sur le fonds commun des émotions humaines.
Sylvie Pasquier y réussit magnifiquement dans cet ouvrage que je garderai précieusement dans mon rayon « Livres de la vie ». Livres des âmies.
Je laisse à Jacques Prévert le soin dire — combien mieux que moi ! — ce que je ressens à cette lecture :
La vie n’a pas d’âge
La vraie jeunesse ne s’use pas.
On a beau l’appeler souvenir
On a beau dire qu’elle disparaît
On a beau dire et vouloir dire que tout s’en va
Tout ce qui est vrai reste là.
(Monique Merabet)