Le regret optimiste
LE REGRET OPTIMISTE
Matin d’hiver
de quitter la tiède couette
s’offrir le regret
Traînasser un peu dans la chaleur de la (légère) couverte de coins que j’ai remontée aux heures plus fraîches du petit matin — Tiens ! En créole, cela se traduirait par granmatin —, se sentir connivence avec les aïeux qui se contentaient de ces maigres couvertures de récupération.
Regret de s’y extirper ! Un, deux, trois ! Allez, hop ! Et faire bien attention à ne pas poser le pied gauche en premier.
On dit que les regrets ne sont pas de mise, qu’il faut commencer la journée d’un élan, d’un seul, se précipiter vers les joies à venir…
Je pense, a contrario, que s’offrir une petite séquence nostalgie au réveil, cela a quelque chose de positif, une manière d’être reconnaissant ; c’est souligner qu’on était bien — biénérèz en créole — ce matin là, que le bonheur existe, je l’ai rencontré, qu’on pourra (pourrait ?) renouveler l’expérience chaque jour d’hiver.
Et lorsqu’on découvre le bleu du ciel que sillonnent les chants d’oiseaux, le petit nuage — un seul, oui — égaré, « Maman, c’est ça l’immensité ? » le petit regret devient furtif, estompé.
Sous la véranda, le soleil entre à flots ; je rêvasse à un haïku.
Rougeoiement
de cerise à côtes
kontsézon
Dans le buis
comme un bec ouvert
titoupi
Il s’agit du liseron dit tit toupie aux capsules en forme de toupie. Dans la haie, j’observe l’escalade des lianes, poc-poc, philodendron… qui va gagner ?
Y a photo
pour départager
les grimpantes
Et en voyant les chats sur la clôture… il ne reste qu’à changer la troisième ligne en « les grimpeurs »
(7 juin 2022)