Le regret optimiste

Publié le par Monique MERABET

Le regret optimiste

LE REGRET OPTIMISTE

 

 

Matin d’hiver

de quitter la tiède couette

s’offrir le regret

 

Traînasser un peu dans la chaleur de la (légère) couverte de coins que j’ai remontée aux heures plus fraîches du petit matin — Tiens ! En créole, cela se traduirait par granmatin —, se sentir connivence avec les aïeux qui se contentaient de ces maigres couvertures de récupération.

Regret de s’y extirper ! Un, deux, trois ! Allez, hop ! Et faire bien attention à ne pas poser le pied gauche en premier.

On dit que les regrets ne sont pas de mise, qu’il faut commencer la journée d’un élan, d’un seul, se précipiter vers les joies à venir…

Je pense, a contrario, que s’offrir une petite séquence nostalgie au réveil, cela a quelque chose de positif, une manière d’être reconnaissant ; c’est souligner qu’on était bien — biénérèz en créole — ce matin là, que le bonheur existe, je l’ai rencontré, qu’on pourra (pourrait ?) renouveler l’expérience chaque jour d’hiver.

Et lorsqu’on découvre le bleu du ciel que sillonnent les chants d’oiseaux, le petit nuage — un seul, oui — égaré, « Maman, c’est ça l’immensité ? » le petit regret devient furtif, estompé.

Sous la véranda, le soleil entre à flots ; je rêvasse à un haïku.

 

Rougeoiement

de cerise à côtes

kontsézon

 

Dans le buis

comme un bec ouvert

titoupi

 

Il s’agit du liseron dit tit toupie aux capsules en forme de toupie. Dans la haie, j’observe l’escalade des lianes, poc-poc, philodendron… qui va gagner ?

 

Y a photo

pour départager

les grimpantes

 

Et en voyant les chats sur la clôture… il ne reste qu’à changer la troisième ligne en « les grimpeurs »

 

(7 juin 2022)

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