A travers microscope

Publié le par Monique MERABET

A travers microscope

À TRAVERS MICROSCOPE

 

 

Alignement des planètes

le chemin sinueux

de mes pensées

 

Être à sa place. À sa juste place — moin lé pa pluss moin lé pa moins — dans son monde fleurs-feuilles-oiseaux. le monde des arbres nous offre tout cela et, en sus, une multitude de vies larvaires de bêtes à transformations, invisibles à l’œil.

Il y avait, il y a quelques années, au Jardin de L’État, une exposition de macro photos — macro, macro — issues de cet univers-là. Étrange, un peu effrayant, et fascinant. Me rappelant les abysses marins.

À rapprocher de mes premières expériences scientifiques sur les paillasses de la salle de sciences naturelles, à l’École Normale des élèves-maîtres, il y a soixante ans.

Ah ! L’observation d’une feuille d’élodée au microscope ! Passer d’une banale petite feuille verte et lisse, sans mystère au paysage insoupçonnable des cellules. L’enchantement ressenti alors est encore vivace aujourd’hui.

J’aurais aimé continuer dans cette voie d’exploration du vivant s’il n’y avait pas eu les fatidiques schémas à reproduire. À l’époque, on ne se contentait pas de photos, tout se travaillait in vivo : on coupait, on éventrait — Hé oui ! crapauds, vers, escargots et même des poussins ! — on observait… on dessinait. Et ma fichue incapacité à tracer, à placer les éléments les uns par rapport aux autres, en perspective, en proportions a brisé net mes rêves de naturaliste.

Et c’est pour cela que j’ai fini « prof de maths » : à la règle et au compas, tout est plus facile et puis, ce qui prime c’est la démonstration, la preuve sans le visuel.

Puis, tout a changé, évolué. Mes élèves, eux, ont eu droit aux cartes de géographie, aux schémas préétablis, qu’il ne restait plus qu’à légender.

 

Feuilles d’élodée

découvrir ses cellules

au microscope

 

Plus tard, la poésie étant passée par là, mes feuilles d’élodée sont devenues chevelure d’ondine (in Mathifolades, éditions L’iroli, 2008)

 

(24 juin 2022)

 

L’ONDINE DU BASSIN

 

Sachant qu’une tige d’élodée

double sa longueur tous les deux jours

combien de temps faudra-t-il pour que le bassin

soit entièrement recouvert ?

 

L’ondine se cache au fond du bassin

car l’éclat du jour ternirait son teint.

Elle est sous un dais fait de mille brins

de ses longs cheveux verts comme les pins ;

et ce tapis plaît aux poissons taquins

qui le font vibrer de leurs jeux coquins

ou bien s’y reposent, tendres câlins.

Son dédale abrite les alevins

et sert de tonnelle quand midi vient.

 

C’est une prairie qu’émaille un essaim

de pétales blancs dans le clair matin ;

la lune qui vêt la nuit de satin

l’irise de bulles aux tons opalins

et les escargots s’y pendent en grains

d’agates moirées, chapelet sans fin.

 

Et si je tressais cs cheveux si fins

verrai-je l’ondine au fond du bassin ?

Ce n’est pas certain.

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A
Je découvre enfin l'élodée (Elodea canadensis), plante aquatique oxygénante...<br /> Il était grand temps :)<br /> isabel, fière éditrice de Mathifolades !
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