Les cases de Hell-Bourg

Publié le par Monique MERABET

Les cases de Hell-Bourg

LES CASES DE HELL-BOURG

 

De l’orchidée verte

à la kaz shanjman d’èr

escale à Hell-Bourg

écriture violette

unissant strates de vie

 

Une orchidée verte perdue dans le vert des feuilles. Voir la hampe se former en une flamme vigoureuse, et se papillonner de fleurs…

Ce goût soudain qui me vient, pour les orchidées. Je rêve d’épidendrums — devenus rares sur les marchés — comme ceux qui débordaient des fanjans jardinières des cases d’antan. Tout un arc-en-ciel de nuances qui incitait les maîtresses de maisons (et de jardins) à en échanger des boutures. « Ma fiy, moin na poin lo tango, sa lé rar… »

Mais peut-être cette espèce d’orchidées a-t-elle besoin de la fraîcheur que ne lui offre pas la sécheresse d’un jardin citadin des Bas ? Sous les cerisiers, cependant… les rameaux se penchent juste comme il convient pour former la voûte ombreuse d’une serre naturelle.

D’une image à l’autre : tunnels de bambous traversant les ruelles d’Hell-Bourg, passages de fées vers une autre lumière, un autre monde. Je me suis dit que, comme dans les contes, ils devaient apparaître et disparaître au gré des brumes.

Hell-Bourg a quelque chose de magique. Terre des mystères qu’y ont implantés les Marrons. Quelque chose de sacré aussi dans ces cathédrales de verdure pour sylphides et ondines des cascades ou autres dieux tutélaires de nos ancêtres animistes.

I monte, i dsann, lé pti… sa Hell-Bourg minm.

Là les cases bardeaux et lambrequins délimitent les espaces intimes des cours fleuries. Rien à voir avec les orgueilleuses débordant de larges avenues, annonçant de vastes domaines « du battant des lames au sommet des montagnes ».

Ici, le village — ah ! gardons-lui sa joliesse de bourg — fourmille de petites cases plus modestes, bois sous tôle, de celles que les habitants ont monté de leurs mains, sur un lopin de terre défriché, gagné sur les longoz et les raisins marrons. Je me souviens de l’odeur des madriers, des copeaux, des petits coins de bois que je gardais précieusement, lorsqu’on avait bâti la case pour changement d’air du Plate.

Comme pas mal de cases de ce temps-là, elles étaient dotées de volets mais pas de vitrages, ce qui n’était pas très pratique par temps de pluie qui chasse où l’on se retrouvait confinés dans la pénombre d’un jour laissé aux battants de la porte. « Profitez-en pour dire un chapelet » nous tançait Grand-Mère lorsque l’on « s’ennuyait ».

Rêver de s’installer aujourd’hui dans une de ces maisons — il y en a tant à l’abandon —, s’envelopper de brouillard pour écrire, peindre, créer de la musique. Les remparts et les torrents sont si inspirants.

En attendant l’heureuse fortune, retrouver les merveilles du petit jardin.

 

Sur mon bras

coccinelle noire

de retour

 

(11 mars 2023)

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D
Hell-Bourg, je me souviens... Je crois y avoir dormi. C'est déjà loin.
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M
Bel hommage à Hell-Bourg ! Un bourg-village au charme indéniable, si bien transcrit ici...
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