Gentil coquelicot

Publié le par Monique MERABET

Gentil coquelicot

GENTIL COQUELICOT

 

Ciel bleu romarin

nuages en chiffonnade

entourant la grue

 

Le romarin ne ressemble plus à rien. Sinon à ce parfum suranné, à cette fragrance que soulevait la course de la chienne Doria poursuivant un chat.

Souvenir de gentil coquelicot fredonnant « j’ai descendu dans mon jardin, pour y cueillir du romarin » des rondes enfantines.

Toute la belle saison, fourré dans l’ombre d’un buisson de belles de nuit, il a poussé ses rameaux vers une relative lumière, branches tordues comme celles d’un bonsaï.

Et maintenant que la bise est venue, sillage d’un mois de mai bien avancé, vais-je le tailler dans l’espoir qu’il reverdisse ? Elle a refleuri la verveine

Me contenter plutôt de ce bleu si particulier des matins de mai.

Moi do Mé lé antrinn filoshé konm zanguiy sèt koulèr, comme l’eau du temps. La saison des bouquets exubérants, des fruits à la saveur de soleil, s’éparpille en feuilles jaunies, en pétales tombés… qui va les ramasser ?

Certes pas ces martins bruyants venus matin autour du lampadaire de la ruelle. J’écoute leurs cris redevenus gutturaux, j’observe leur plumage sombre, étonnée de retrouver ces touffes de plumes blanches au bas du dos. S’agit-il de nouveaux morphes issus d’une récente hybridation ? En a-t-il toujours été ainsi ?

Je ne me suis pas privée de les observer ces martins du bord de mer, picorant dans quelque flaque d’eau salée vite avalée par le sable basaltique. À peine a-t-on le temps de voir se former l’empreinte en triangle des pattes…

Fuite du temps de mai : nous entrons en saison sèche et fraîche.

Mes sens mis en veilleuse, reprennent leur capacité à humer (ah ! Le goût du café qui revient !), à savourer, petits plaisirs comme ces dessins que je redécouvre à la surface du café.

Mon cerveau s’éveille à nouveau. Ne pas le pousser trop loin, ne pas prendre le risque de farfouilller dans mes pensées au bord de l’anéantissement morose. Plongée dans un monde trop humain.

 

Sur la page blanche

de ses pattes volubiles

une mouche écrit

Ah ! saurai-je cependant

déchiffrer ses hiéroglyphes ?

 

 

(16 mai 2023)

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