Premier Mai d'ici
PREMIER MAI D’ICI
Premier Mai d’ici
muguet pays défleuri
mon jardin pourtant
à ressentir à écrire
être ici et maintenant
Au jardin réunionnais le « muguet » fleurit en février. Faux muguet, me dira-t-on, inodore et presque invisible au milieu des rubans des feuilles. Faux… quoique. Z’avez vu les clochettes ?
Retour en mon jardin la cour, retour aux petits déjeuners d’écriture : quelque nouvelle à mijoter qui verra le jour lorsque j’aurai trouvé le sésame du commencement. Les premiers mots qui coûtent ; après, on se laisse porter par le décor, les personnages créés.
En attendant, je reprends les haïbuns au quotidien.
Pourquoi écrire court, rester dans l’éparpillement, le saupoudrage de mots, pourrait-on dire ?
Peut-être pour me gagner la bienveillance des lecteurs qui me liront jusqu’au bout en rencontrant le texte, libre accès sur le blog. Mes amis savent bien me trouver là.
L’écriture brève (haïku, tanka, haïbun) est en fait la possibilité de partager quelque chose d’à peu près « fini »… jamais accompli tant est long le polissage vingt fois sur le métier.
Quelques syllabes, quelques lignes. Écrire court, écrire dense afin d’aboutir à un récit cohérent des instants vécus, un peu magnifiés par la poésie et la fantaisie d’envolées insolites parfois.
Le travail de longue haleine que nécessite une nouvelle — un roman, je n’y songe pas — demande que l’écrivain se fasse bourrique et ânier à la fois, qu’il s’attelle à une carriole qu’il remplit, qu’il désemplit, qu’il tire et pousse à hue et à dia. Un cheminement perpétuel qui n’échappe pas au rituel d’ornières comm lors d’un boulot à heures comptées.
Combien de temps? demande-t-on souvent à l’auteur. Combien de temps pour un roman, un chapitre, un paragraphe, une ligne, un mot ? Je ne saurais y répondre … beaucoup de temps, certainement.
Mais suis-je vraiment écrivaine ? Moi qui rechigne à astreindre ma libre écriture à une route droite, passant d’un sujet à un autre, à cloche-inspiration.
Mes brins d’écriture laissent place aux rêveries, aux ressentis, à la méditation d’une pause sous les arbres ou à l’écoute des conversations des perroquets… au vécu d’un jardin où parfums, couleurs et sons se répondent.
Hier, ces propos de la jeune (et sage) étudiante, réalisant combien son « addiction » à l’écran de son téléphone la prive de vie réelle, de communication avec un monde plus riche que cet « univers portatif » qu’elle trimballe dans son sac.
Vieillir aujourd’hui
aux vrais jardins du vécu
offerts à mes sens
sans barrière ni écran
si douce est ma liberté !
(1er mai 2023)