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Publié le par Monique MERABET

QUELQUES BULLES SUR MON CAFÉ

 

Ciel d’or au couchant

et ce matin quelques bulles

sur mon café

 

C’est agaçant ! Parfois, on a beau tourner, tourner encore la cuiller, à la surface du noir breuvage n’apparaît qu’une nébuleuse, un amas d’œufs. Et tout va en rester là, création interrompue. Le monde est encore à rêver…

Au commencement, l’univers Big Bang n’était-il que bulles indisciplinées, bouillon (brouillon ?) d’atomes à arranger.

 

Samain dans la mienne

qui a construit tous ces arbres

demande Héloïse

(Monique Merabet, 3 feuilles sur la treille)

 

Réponse sibylline : « Kisa i pè konète mon zanfan ? » question de cacher la honte du c’est pas moi. Chaque matin, j’avale un cosmos au lieu de le construire. Autre rodomontade cachant mon impuissance : passer pour une goinfre béotienne plutôt que pour une incapable !

« Pa kapab lé mors an ésèyé », dit un dicton créole que j’approuve.

Demain, sans doute, je me réveillerai d’un rêve tutoriel qui me dira comment faire. Juste créer une fleur, un arbre, ce serait fantastique. Ce sera.

Pour l’instant me tourner vers le ciel pour y prendre des forces. Oh ! Le voilà tout gris ! Il était si bleu lorsque j’ai ouvert les volets !

Le couchant radieux d’hier n’a pas renvoyé la balle du soleil au Levant. Pourparlers météorologiques en cours ? Il paraît que le vent jouera les arbitres.

Le vent ? J’en frissonne déjà. J’éternue. Je m’emmitoufle : tee-shirt « grandes manches », petite veste, foulard.

Demander au vent de rétablir le cours de la partie de ballon, c’est comme croire aux bons offices de la Chine pour un chemin de paix en Ukraine… Échec.

Ah, pensons positif ! Semer du persil, recueillir les grappes noires des graines de zépinar malbar pour les amies, écrire cette lettre qui attend mes mots et. Non ! Point final. Ne pas évoquer les rangements à faire.

Petite coïncidence ou pas. Je découvre sur whatsapp une vidéo. Cela s’appelle « Je range mon bureau… 97 » 974 ? Oups ! Serait-ce clin d’œil malicieux envers mes velléitaires tentatives de débarras ?

Mais non ! Il s’agit d’une passionnante revue de livres à lire (ou à ne pas lire), à garder ou à donner… pas d’option « poubelle » semble-t-il. Ce maître de conférences doit savoir mieux choisir ses lectures que moi. Passons !

Parmi les ouvrages à remettre sur l’étagère, figure La peine de l’eau, le dernier roman de Monique Séverin, un cadeau de littérature… Ici, une analyse intelligente fouillant au cœur des mots et ce passage — mon préféré — sur l’utilisation du créole et les failles qu’il introduit dans le « terrorisme théorique » (expression de l’autrice) induit par le français.

Mon exemplaire de La peine de l’eau est toujours sur une étagère à proximité… Profitons-en, page 112 :

 

« La pli i tonm/La pluie tombe, je préfère à « Il pleut » qui dépossède l’eau de son action bienfaisante ou dévastatrice. La pluie tombe donc, de plus en plus fort, à grand renfort de seaux célestes, va finir par faire déborder la piscine ! Et je la regarde, celle qui s’évertue à mettre en mots « sa » réalité, pas celle des autres. Elle peine, fait ruer ses mots dans les brancards : « Il faut que ça soit fluide ! » a dit un docte critique zorèy. « Il faut que les lecteurs français comprennent, que ça coule de source ! » a dit un autre docte critique local. Créole à éviter, qu’on se le dise ! »

 

(27 mai 2023)

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