La lune et l'infini
LA LUNE ET L’INFINI
L’homme n’est qu’un point
à l’égal des autres astres
comptant les étoiles
sans faire l’effort de croire
qu’elles sont infinité
Ce qu’il me reste d’un poème élaboré cette nuit. Était-il mieux, était-il pire ?
Ce que je sais c’est que j’ai eu du mal à m’endormir. La lune ou l’infini ?
La lune pleine que j’ai admirée avant de refermer les volets a souvent un effet excitant pour les nerfs des humain.e.s.
Quant à l’infini, c’est l’histoire d’une phrase que m’a envoyée la co-autrice de nos mercredis littéraires pour nous inspirer. J’ai la naïveté de croire que mille petits lutins viendront dans mes rêves pour y tisser poème que ma plume n’aura plus qu’à faire glisser sur le papier. Las !
« Ma première leçon de calligraphie consistait à recopier, justement, ce caractère Yong, éternité. (…) Le point c’est l’homme, le trait horizontal, la rive. Et le reste, l’eau qui coule, infinie, insaisissable. »
(Wei-Wei, Une fille Zhuang)
Curieusement, de ces trois pôles à se prendre la tête, éternité, infini, insaisissable, c’est l’infini des espaces pascaliens qui m’a tarabustée ; peut-être aussi l’inconscient « horizontal » qui m’a fait croire qu’en me couchant.
Mais en rendant l’infini responsable de mes malheurs insomniaques, j’essaie peut-être à gommer la réalité.
Le raffut de cette nuit : des chats, — n’ayons pas peur d’appeler un chat, un chat !— bramant leurs amours, c’est cela qui m’a empêchée de dormir. Je relis Issa :
À force de miauler
ne crains-tu pas de te transformer
en pierre, chatte amoureuse ?
Si seulement c’était vrai… mais je connais la suite :
Dix nouveau-nés
et pas un seul de la même couleur
les petits minets
(3 juin 2023)
Les haïkus de Issa sont extraits de HAÏKUS sur les CHATS de KOBAYASHI Issa, choisis, présentés et traduits par Seegan Mabesoone aux éditions Pippa.