Lumières de juin
LUMIÈRES DE JUIN (26 juin 2023)
Verticalité
La clôture à claire-voie
Striée de lumière
Quelque chose an misouk
Dérobée chez le voisin
Café sous la véranda ou sous la varangue ? De chaque côté, tintamarre : grincements stridents du chantier ou chats qui grondent, feulent, bataille de suprématie dans la ruelle.
Je choisis les félins. Leurs cris finiront par s’estomper. Pas les travaux.
Ciel sans nuage ; il fait frais, sans vent. Je profite de cet hiver qui arrive un peu en retard. Sérénité… Vite rompue quand je vois le matou jaune — il a gagné ? — se faufiler au jardin. Holà l’intrus !
Cri d’un oiseau invisible. Il confirme. Nous avons tous nos petites misères au quotidien. Le calme revient… Pas pour longtemps ! Le voisin d’en face choisit ce moment pour mettre en action perceuse ou autre ébarbeuse. Sa maison qu’il vient de réoccuper, a sans doute besoin d’aménagements.
Lundi sous le signe des casse-oreilles ! Pas moyen de composer une tranquille rubrique haïbun pour mon journal.
Les jeux de lumière sont pourtant bien aguichants à observer au tronc de l’arbre à pain où se projette la palme de l’orchidée-bambou.
Tiens ! Nous avons sans doute gagné quelques minutes de jour depuis le solstice de juin.
D’hiver ou d’été ? Je préfère une formulation plus neutre, non « genrée » sud/nord : le nom du mois sied aux deux hémisphères. Non ?
Quoique. D’où vient donc le nom du mois de juin ? Mon petit démon titille ma curiosité : « Va donc voir sur Google ! » Un click et nous avons accès au savoir absolu gommant les mystères, nous livrant connaissance sèche et sans âme, nous habituant à penser (ou à non-penser) en IA.
Au départ, je suis rassurée : juin viendrait de Lucius Junius Brutus, consul fondateur de la République romaine. Rien qui marque un phénomène saisonnier.
Las ! J’ai scrollé et me retrouve devant autre hypothèse rattachant juin au nom de Junon, déesse de la fertilité — hum ! — et, justifie mon wikiguide, juin est « le mois des fenaisons des prairies naturelles et cultivées. »
Békali ! Foin d’universalité ! Encore et toujours on nous ramène à ces cycles de saisons du Nord, du continent européen. Quid de nos ascendances africaines, indiennes ?
Rien ne s’adapte à notre environnement réunionnais et nous sommes confinés en sous-savoir — en sous-France ? comme l’a finement souligné Monique Séverin… — de musée ; Musée, ça vient de museler ?
La règle est simple : « Tu es français, tu adoptes le point de vue des saisons « suprémacistes » ou tu te tais ! »
Oté bann gardien la lang kréol la Rényon, i guingne pa trouv moiyin invante lo mo pou dir nout léspésifisité in lil o sud ?
(Holà ! Linguistes du créole réunionnais, on ne pourrait pas inventer quelques expressions conformes à notre spécificité géographique ?)
Mais cela existe-t-il créateur de langue pays ?
Moin mi batay pu ! Marmay, alon fé sanblan juin i tonm dann sézon l’été…
Comment ça, il caille dans Les Hauts, températures négatives, matins de givre ? Allons donc ! Il fait si doux à Saint-Denis ! Je n’ai mis qu’un léger palto.