Ce jour est à moi
CE JOUR EST À MOI
Concert de bulbuls
La matinée en roue libre
Je souris aux anges
Échos des chants de là-haut
Que les oiseaux nous apportent
… et la version en créole :
Shanté bulbul
Dann sièl davoir na lo zanj
Alé di partou
Lo roi la pa mon kouzin
Sa in jour i bote amoin
Les températures vont remonter… ont remonté déjà cette nuit ? Les belles de nuit sont splendides au matin naissant ; elles ont retrouvé l’envergure de leurs corolles d’été.
Chez le voisin du bout de la ruelle l’arbre à fleurs blanches — je n’ai jamais retenu leurs noms, ni à l’arbuste, ni au voisin — m’amène un fourmillement de notes. Les petits zoizo blan ont dû se réfugier là-bas ; ils saluent le ciel bleu et leur musique est essentielle à l’enchantement du jour.
Je me demande… lorsque Dieu créa la terre, l’eau, les astres, l’a-t-il fait en chantant ?
En vaquant aux tâches ménagères — celles qui se font automatiquement — il m’arrive de fredonner : un air ancien (« que me chantait ma maman »), quelques mesures de Mozart, d’un opéra, ou une scie — « quand je pense à Fernande » (hé oui !), « Comme les rois mages », ou encore Madina… — une rengaine que nous insuffle un rêve et dont on n’arrive pas à se débarrasser.
Mais les peintres mettent-ils un fond musical, un musicien se projette-t-il des images ? Et l’écrivain ?
Je crois plutôt que toute création demande trop de concentration en soi pour pouvoir chanter en même temps. Pour la Création majuscule aussi.
Donc Dieu ne sifflotait pas. CQFD.
Ce n’est qu’au septième jour qu’il a dû réaliser que si ce qu’il avait créé était bon, un petit chouïa de musique ne pourrait qu’agrémenter son repos. Il a alors ciselé syrinx aux oiseaux, tessitures de voix aux humains et toute une trâlée de modulations à tout ce qui vit, herbes et bêtes, sans oublier la mer qui clapote ou gronde… Trop beau !
Un cocorico
Se fait entendre – à ma montre
Il est neuf heures…
Les coqs des villes sont bien paresseux. Et celui-ci chante loin de chez moi. De plus en plus loin, depuis qu’on a démoli la case où s’ébattaient encore quelques volailles, depuis que le chinois du coin, qui élevait coqs bataille, a fermé boutique.
J’avais écrit dans Prière pour l’arbre chanson :
Frères humains, / frères de destin, / arrêtez le silence sinistre / du béton !
(12 juillet 2023)