La paix en mon jardin
LA PAIX EN MON JARDIN
Dimanche fleuri
Refuserai-je d’entendre
Les cloches d’Arras ?
Un cycle s’est accompli, une semaine de petits riens chez les peuples heureux d’avoir eau, nourriture et abri.
Comment ne pas penser aux chassés de chez eux, déjà survivants au reg de Gaza, le quittant pour… le pire ?
Au quartier du Chaudron, ordination d’un nouvel évêque pour La Réunion : chants de joie et d’acclamation auxquels se mêleront quelques prières pour « la paix dans le monde ».
La paix est en mon jardin. Premiers boutons du caféier, arpégeant les tiges. J’ai repéré leur suavité dès les volets ouverts. Aux parterres, pause des iris aujourd’hui, sans doute pour mieux révéler la gloire du caféier.
Ciel gris et front froid : peut-être un peu de pluie ; même légère bruine, elle donne lustre aux arbres, aux plantes, aux herbes.
Au manguier voisin
inflorescences tardives
procrastination…
Prendre note de tous les kigos qui se présentent, sans se demander si l’année dernière, à la même date… Les saisons se mettent en place avec un décalage plus ou moins prononcé, cahin-caha en hémisphère nord soumis aux températures trop chaudes puis trop froides selon les normales saisonnières.
Savoir que la vie s’écrit indifféremment à l’encre-soleil et à l’encre-pluie.
Pas un souffle d’air
Feuille tombée d’arbre absent
Un oiseau descend
Il atterrira sur un toit, puis il remontera, fleur devenue papillon. Je songe au joli haïku de Moritaké :
Tombée de la branche
Une fleur y est retournée
C’était un papillon !
Envie de le terminer par un point d’interrogation afin d’accentuer son côté sibyllin. Le haijin se moque-t-il de ceux qui croient — comme moi — qu’une fleur peut remonter à la tige ? Se laisse-t-il seulement prendre à un pur instant de poésie ?
Mon ressenti au jardin de Charente :
Papillon cuivré
Une fleur remonte à l’herbe
Toute rosée bue
(15 octobre 2023)