A fleur d'oreille
À FLEUR D’OREILLE
Un ciel sous nuage
Dans les fleurs de l’agapanthe
La brise en sourdine
Un léger souffle de vent compose un concerto pour feuilles et nuages. Petite journée tranquille : tel est son titre.
Sons et mouvements presque imperceptibles sur fonde rue murmurante, coups de marteaux, tintement de vaisselle… une autre symphonie en contrepoint.
Ah ! Les oiseaux apportent leurs notes acidulées à la caresse lente de la brise sur mon bras.
Comment croire à la chaleur qui monte inexorablement ? Comment imaginer la léthargie s’abattant sur nos après-midi ?
L’oiseau insiste et mes mots se calquent à sa mélodie. Elle seule importe.
Je ne me souviens plus du nom de ce pasteur qui enregistrait les oiseaux de son jardin et transcrivait leurs chants en partition. Ce matin, j’aimerais avoir don de musique…
Un grondement chuinté de pneus sur le gravier de la ruelle, les percussions de quelqu’un qui tape… sur quoi donc ? les instruments s’ajoutent au fur et à mesure à l’orchestre, s’y intègrent en harmonie ; le concert des oiseaux s’affermit, s’enrichit de lamentos, claquements, roucoulements… jamais un couac !
Aboiement, trille, une radio fredonne un air qui me semble familier sans que je le reconnaisse vraiment. Mélimélo musical où tout se fond, bouffées sonores que mes oreilles hument.
Prendre un sens pour un autre, inventer ce terme désignant les sons effleurant notre ouïe : musique à fleur d’oreille.
Je ferme les yeux. Le goût amer du café à fleur de papilles.
Hiiiiii amorce une perceuse qui se tait… il est encore trop tôt ? Le monde qui m’entoure n’est plus que rumeur, esquisse de bonheur, de sérénité, poésie.
Le vent qui forcit
accroché sous la varangue
tinte un carillon
Une simple cloche métallique à laquelle pend un trio de dinosaures… un jouet ! Comme il me réjouit ! Les nuits d’alizés, lorsque tout s’endort, ma voisine l’entend, deux maisons plus loin. Partage.
(30 janvier 2024)