Café muet

Publié le par Monique MERABET

Café muet

CAFÉ MUET

 

Mon café muet

jusqu’à la dernière goutte

un kairos raté

l’observateur défaillant

à se recréer un monde

 

Ce matin, le café avalé en quelques gorgées hâtives ; je suis pressée de refaire le plein d’énergie… pour écrire.

Un oiseau émet un trille en volant ; j’aime cette musique qui arpège le temps.

 

Sous le ciel bleu

La façade ensoleillée

Choisir sa couleur

 

Blanche, ocre, grise, rose ou bleue ou cet incongru bariolage jaune et kaki qu’on voit parfois ? Comment sera-t-elle peinte ? Ne devrait-on pas me demander mon avis puisque c’est moi qui profiterai/subirai la coloration ?

Mais les murs s’élèvent, sans politesse, barrant le ciel autrefois vaste quand je le découvrais depuis mon écritoire.

Que sont devenus feuilles et fleurs, oiseaux d’ombres et de lumières dont j’ai écrit les saisons ?

J’aurais dû tout imprimer, au fur et à mesure, me dotant d’un bel album à feuilleter. Les mots… sans les photos.

Les images ne donnent à voir qu’un aspect partiel de la réalité figée sous un angle particulier. Les mots, eux, vont partout, dans tous les recoins, examinant dessus, dessous, débusquent mêmes souvenirs ou inconscient, subconscient inscrit dans le lieu.

Les mots racontent une histoire accessible même à ceux qui ne voient pas ; ils mêlent passé et présent, ici et ailleurs pour une description jamais objective et c’est ce qui crée leur enchantement.

La photographie… je ne conteste pas qu’elle soit un art capable de dire, d’enregistrer création du regard d’un artiste. Mais il échappe à la lenteur qui est mienne en toutes choses et je ne peux capter ces arrangements de lumière aussi éphémères que la présence d’un oiseau, d’un papillon.

Le temps de régler mon appareil et la forme s’évanouit, n’est plus celle que je souhaitais ; elle n’est plus dicible que par le truchement du verbe.

Parfois je me rattrape avec la paréidolie qui inscrit aux surfaces fixes d’un mur, d’un tronc, du ciel, des visages, des silhouettes insolites … que je suis parfois seule à reconnaître.

 

Taches sur le mur

Y voir encore des chats

Leurs cris dans la nuit…

 

(20 janvier 2024)

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