Le bleu du mourong
LE BLEU DU MOURONG
Bleu de l’agapanthe
Au marché du vendredi
Paille-en-queue en sus
Une tempête tropicale, voire plus, voire moins, on ne sait pas encore, pourrait menacer Maurice et La Réunion. Pourrait… on ne sait pas encore.
Mais le voisin a élagué par précaution.
Arbre Neem tombé
D’un chapelet brèdes mourong
Ma passoire pleine
Cadeau des voisins : les feuilles et les bâtons. Les brèdes font partie de l’héritage familial — à cuire sans ail, hein ! Grand-mère n’aimait pas ce condiment —, les bâtons , non ! Chez moi, on les a toujours dédaignés. Nourriture un peu trop « malbar » ou, tout simplement, gousses pas faciles à dénicher, pas faciles à préparer, peut-être nénène maugréant un « sa mi guingne pa fé »…
À moi d’ouvrir la voie aux baton mourong dans la cuisine familiale ; je n’ai pas la recette indienne du baton mourong masalé mété comme dit la chanson. De toute façon, je n’aime rien tant que modifier les cuisines exotiques — c’est bien comme ça qu’on dit ? — et j’ai à mon actif, sauté chinois, paella, couscous, cassoulet… que renieraient certainement les originaires de Chine, du Maghreb, d’Espagne, de Toulouse… en décelant ma touche personnelle rajoutée, à l’intuition.
La création, ça me démange, même si je la réduis à la portion congrue d’un peu d’écriture ou de cuisine. Mais ces deux arts offrent tant de combinaisons de mots, de saveurs !
Je n’hésite même pas à grappiller aux autres créateurs, interprétation hautement fantaisiste liée à mes activités ménagères. Ainsi, est-ce sacrilège de compléter mon haïku du début en m’inspirant d’une toile superbe qu’il m’est donné de voir, par ces deux vers ?
Au bleu miroir du tableau
Voir violon dann pié mourong
(12 janvier 2024)