Les traces des mots
LA TRACE DES MOTS
Ciel teinté de blues
Combien de gorgées avant
Qu’une joie s’allume
Compter le nombre de gorgées de café avant que n’arrive la première pensée éclairant le matin.
La rumeur environnante — bruits de ménage, de voitures, d’outils — comme elle me semble dissonante !
Le ciel s’est pris habit de cendre, inapproprié à l’été qui perdure, même s’il semble s’adoucir. Accalmie dans la ronde des cyclones.
Nous sommes à mi-saison. Faut-il entériner la baisse des températures — il fait carrément frais dans Les Hauts — ou bien est-ce l’effet de nuages passagers ?
Pensée demi-teinte
Que ma journée se remplisse
De bleu liseron !
Hum ! Inutile d’espérer une touche de pastel du côté des volubilis, aujourd’hui. Les belles de jour paressent. Les fleurs leur viendront-elles ? Peut-être les feuilles ajourées par la curée nocturne des mandibules, auront-elles épuisé la sève des lianes envahissantes ?
Peut-être savent-elles, les fleurs, qu’une fois écloses, elles se faneront, elles se terniront de graines brunes, qu’elles seront arrachées, leur cycle accompli.
À mesure que les signes courent sur la feuille, ma journée se remplit : faire ceci et cela, encore ci, encore ça… Restera-t-il traces des mots ?
Toute tâche, tout mouvement s’efface. Le temps garde virginité pérenne. Et tous ces instants griffonnés, afin d’imprimer une marque, ne seront que pages jaunies, coins de mémoire.
Le Temps offre toujours plages blanches et lisses au futur. Heureusement ! Il est support, substrat, commun à tout ce qui vit. Si chacun pouvait y laisser son sillon, comment avancerions-nous dans ce dédale ?
Tout est métamorphose sans fumée ni cendre, paradoxe de ce qui se crée et s’évanouit simultanément. Sans un accroc.
Sur la mosaïque
Les escargots laissent traces
Kintsugi d’argent
(7 février 2024)