TANKAS-PROSE DE FEVRIER (2)
7 février 2024,
Ciel teinté de cendre
combien de gorgées avant
qu’une joie s’allume ?
peindre musique et parfums
sur la rumeur blues du jour
En attendant le bleu liseron… Belles de jour, ne paressez pas trop !
L’été semble s’adoucir, mais reprendra rigueur, chaleur vive et gadoue. Vos lianes infécondes en seront tout abîmées.
8 février 2024,
Le toit en terrasse
devient piscine pour piafs
Singing in the rain
parfois jardins suspendus
où fleurissent graminées
Oh ! Rendez-moi les hirondelles, nichant au bord de la mare picarde !
Imaginer coquelicot sur un toit.
Faire naître un enchantement. Merveille de Babylone, depuis des siècles disparue, et qui revit.
9 février 2024,
Mon île héritière
d’une mer et d’un volcan
houle à métisser
tapis mendiant de couleurs
venues des cinq continents
Jours de l’An multiples, fêtes sacrées : tambours malbars, chinois, cloches, muezzin… concert de dieux nous protégeant.
Dans la nuit sans lune, j’entends déjà pétards de l’année du dragon.
10 février 2024,
Nouvelle année chinoise
journée ponctuée de pétards
… et de pluies, dit-on
je reste à guetter le ciel
s’éclaircira-t-il ou pas ?
Mangerai-je gâteaux de lune ?
Le matou, au jardin d’herbe haute, donne sa langue au chat.
Pour ne pas demeurer dans l’incertitude, imaginer l’animal plus savant que soi.
11 février 2024,
Horizon grisâtre
bout de poutrelle kaki
un oiseau… non, deux !
oh ! couple de tourterelles
kolé séré d’amour tendre
Encore une histoire de toit…
Voir au-delà de son banal karma : juste quelques barres métalliques entrecroisées.
Dans mon panier, la canne à sucre… Maman ! J’ai plus mal aux dents !
12 février 2024,
Sa fille a vingt ans
décor papillons lilas
d’un zeste d’enfance
bijoux, parfums déballés
« T’as vieilli », dit la cousine.
Nouvelles saveurs pour la fête : les samoussas ont pris goût de pizza. Et bientôt, fourrés Mac Do ?
Mon regard obsolète s’amuse à jouer au témoin… tant que je les entends !
13 février 2024,
Premier liseron
Qui veut des fleurs, des fleurs, des…
chantonnait Maman
m’est resté en héritage
comme un grand marché aux roses
La beauté révélée et transmise me constitue un somptueux matrimoine où puiser les simples joies du quotidien.
Incomparable trésor qu’ont légués les femmes… trop souvent occulté par l’apport des pères.