Tankas-prose de février (4)
Dimanche 18 février,
Découvrir matin
musique bleue des liserons
enroulée aux lianes
le vent souffle un air de fête
que je suis seule à entendre
Traversée joyeuse d’un dimanche, écoulement de rivière charriant paillettes de vie…
Ils s’accommodent de lenteur, d’immobilité sereine s’imprégnant de plénitude.
Lundi 19 février,
Silence apparent
lorsque la brise s’apaise
le sable en suspens
bloque la course des heures
me sentir à contresens
Sens dessus dessous, hors champ…
Ultraviolets invisibles qui nous brûlent la peau, au jardin, symphonie d’ultrasons.
Poète tu as dit que se répondent
les parfums, les couleurs et les sons.
Mardi 20 février,
La fleur de conflore
rouge orange lumineux
matin de carême
innocence des pétales
ne réclamant que l’Amen
Semer trèfle pour la Terre : sa chance de contrer mauvais sorts humains !
Arbres je vous demande pardon !
Pour ce vénérable tamarin sacrifié au béton !
Pour ces banians sacrés, brûlés, côté mer !
Mercredi 21 février,
Parsemant d’azur
l’enchevêtrement des lianes
premiers liserons
et ma conviction profonde
mon jardin est le plus beau
Univers hérité de mon enfance… île natale où je suis solidement ancrée.
M’enchanter, partager ses mystères.
Et si mes voyages sont toujours inaccomplis, me réjouir qu’une telle harmonie existe.
Jeudi 22 février,
Les doigts s’abandonnent
quand on n’a rien à dire
sur ce ciel trop gris
conséquence du coup d’vent
vavanguant en mer australe
Main droite trace des signes qui ne plaisent pas à Main gauche ; Parlez-moi plutôt des chats !
Oh ! Même la fourmi s’est défilée, loin de mes mots margoz, aigre-doux.
Vendredi 23 février,
Léger et sucré
l’illusion de savourer
kafé klèr lontan
la repasse que Grand-mère
dédiait aux jeunes enfants
Pour me réveiller l’écriture, son faible taux de caféine est suffisant lorsque souvenirs s’y mêlent.
Ah ! Oublier le monde d’à côté et ses pleins wagons d’ados soldats.
Samedi 24 février
Sur sa longue hampe
grâce d’un ikebana
arpégeant le blanc
j’imagine shamisen
sous les doigts d’une geisha
J’oublie son nom botanique… Ah ! Est-elle fleur ou papillon ?
Ma mémoire efface ses racines et lui impose naissance sous X.
Sometimes I feel like a motherless child…