Litanies des fleurs
LITANIES DES FLEURS
Le benjoin bonsaï
Couronnes vertes des feuilles
Pour passer l’hiver
Vacuité d’écriture. Découvrir (redécouvrir) le beau candélabre du benjoin. Depuis vingt-cinq ans, le pot planté là, il illumine ma véranda accompagnant cafécriture du matin.
Il a résisté à bien des vicissitudes : sécheresses, aleurodes, griffures des chatons, maltraitances de ciment et de peinture, étêtage brutal, etc.
Mais il a connu aussi les moments animés de la mangeoire improvisée que je remplissais de riz pour les oiseaux — c’était avant les squats des chats — et aussi la gloire des saisons lorsqu’il se couvre des lumignons rougeoyants des bourgeons ou des étoiles en poundiak des inflorescences.
Pour égayer ses nuits, il a, face à lui, un buisson de belles de nuit, merveilles du Pérou, merveilles et merveilles…
Ah ! Je devrais écrire litanies de mon jardin, en m’inspirant de ces litanies de la Sainte Vierge que Maman égrenait sans faillir à la prière du soir. J’avais le rôle des répons pas très originaux, « Priez pour nous, priez pour nous… »
Mais j’ai gardé en mémoire certaines épithètes aux consonances poétiques ou mystiques : Étoile du matin, Rose mystique, Tour d’ivoire (sic), Miroir de justice, Trône de sagesse, etc. et ce « Vase insigne de dévotion » qui a gardé tout son mystère et que je me garde de « profaner », d’une explication sémantique.
Pour les végétaux qui peuplent à foison mon jardin créole, il me suffit de puiser aux vocables poétiques de la botanique créole :
Belle de nuit
Belle de lune
Cœur de Jésus
Cœur de Marie
Main du Christ
Épine du Christ,
Pattes de lézard
Oreilles d’âne
Queue de renard
Orchidée tit pigeon
Corbeille d’or
Vieux garçon
Chemise de femme
Jupon de ma cousine
… et tant d’autres encore !
(26 avril 2024)