Kigo des jours plus courts
KIGO DES JOURS PLUS COURTS
Jours plus courts de juin
lorsque sonne l’angélus
déjà les étoiles
la voix du muezzin s’est tue
aux derniers feux du couchant
Rituels marquant fin du jour :
Jours des travaux humains pour les chrétiens, jour de Dieu pour musulmans.
L’un devançant l’autre puis reculant…
Mon âme syncrétique mêle les deux cultures.
Me voilà prise au piège du kigo que j’ai imprudemment intitulé : quand le muezzin devance l’angélus. Oups ! Va-t-on là vers polémique religieuse au pays du vivre ensemble, toutes cultures, toutes religions alors que je voulais simplement jouer sur le phénomène cyclique et saisonnier des jours qui augmentent ou raccourcissent de solstice en solstice?
Bref, le sujet me semblant mériter quelques explications, ne serait-ce que pour lever l’ambiguïté de ce mois de juin, presque été au nord, hiver au sud. J’ai donc rajouté un distique — cela fait-il un tanka ? — puis un texte en prose de trente-et-un mots.
Toujours ce syndrome de haïjin austral, cette possible incompréhension des auteurs « francophones de l’hémisphère nord » qui me pousse à expliciter, me justifier. Aucun poète de France hexagonale ne prendrait la peine de bavasser sur « les jours plus courts de juin », d’ailleurs. La redondance affichée pour un habitant de l’hémisphère sud semblera sans doute absurdité, méconnaissance de la plus élémentaire cosmogonie : tout le monde sait qu’en juin, les jours sont plus… C’est tellement évident !
Rappelons quand même que nous sommes en hémisphère austral et que, du solstice de décembre au solstice de juin, les jours raccourcissent.
Ainsi, depuis son minaret, le muezzin annonce de plus en plus tôt la venue du soir (17 h 46 aujourd’hui) alors qu’aux clochers des églises, sonne l’angélus à 18 h, invariablement. Le chant vespéral du muezzin suit ainsi une sinusoïde alors que l’angélus s’inscrit sur une horizontale fixe… souvenirs d’une professeure de mathématiques.
Cela méritait-il d’être précisé ? Lorsqu’on en vient à expliciter un kigo, est-ce encore un kigo ?
Peut-être aurais-je dû choisir les belles de nuit ?
Vent de saison fraîche
les corolles rétrécissent
aux belles de nuit
(9 juin 2024)