Permanences
PERMANENCES
Vol nuptial…
couple de martins
dans le bleu
au-dessus des câbles
blancs nuages
Après long temps de vaines élucubrations politiques, comment retrouver goût à l’écriture qui dit et ne se lamente pas ?
Revenir à la magie du haïku, quoi ! Regarder les oiseaux qui sillonnent le ciel.
Faire comme les martins, les bulbuls, les nuages, planer au-dessus de ce réseau de câbles qui transmettent tant d’images banales ou grossières, tant de paroles inutiles et blessantes.
Écrire au jardin qui s’assoupit un peu dans la fraîcheur de l’hiver. Aux arums de Bébourg, cependant, se dressent flammes blanches.
Comme ces liserons fleuris en permanence, émaillant de blancheur la voûte des rameaux de cerisiers en fleurs, emprisonnés de lianes.
Charme rémanent des jardins touffus comme des rêves.
Chez moi, l’herbe folâtre a renoncé à l’ordonnancement monotone du gazon. Ça et là, pointe un bouquet d’épis de graminées, ou d’insolentes adventices ressurgissant en nombre.
Désherber est un art : ni trop, ni pas assez… Garder les petites fleurs mauves si discrètes qu’il faut se pencher pour les apercevoir, garder les lastrons pour futures fricassées en espérant que leurs graines à plumet se ressèment là.
Au coin d’un parterre
le mauve d’une orchidée
dernière arrivée
Récemment ramenée de la jardinerie… et l’on se demande comment on a pu concevoir jardin sans elle, sans sa beauté gracile. Au hasard d’un pot vide, sa place conquise près des iris au vert permanent.
Nous avons tellement besoin de cette grâce-là. Même si elle est éphémère. Parce qu’elle est éphémère.
(9 juillet 2024)