La rose du café
LA ROSE DU CAFÉ
Avant de boire
la « rose » du café
à contempler
Je relis ce poème de nuit sans lune que m’a insufflé hier l’obscure inactivité d’avant-sommeil. Il commence par « Si je mourrais cette nuit… »
Fausse inquiétude. Ce matin de ciel bleu qui dissipe brumes d’un rêve, en atteste l’inanité.
En cette période de l’existence où je ne crains plus pour les vivants, devrai-je laisser mes pensées conjecturer la mort ?
Au café s’épanouit une fleur fantastique déployant ses courbes : une rose qui s’étirerait pour une séance de chi-gong…
La cuiller que j’ai fait tourner, mon souffle qui l’a attiédi avant de toucher mes lèvres, en sont les sources créatrices. Pas ma volonté, ni même ma pensée, n’en ont imaginé les contours dansants. Je me l’approprie cependant, comme d’une création clandestine et intime.
Suis-je davantage autrice de ce poème perdu dont les mots ont traversé une marée d’inconscient pour venir s’échouer aux brisants de mes mots aléatoires, fane fané ? Galets de pensée qui roulent et s’entrechoquent aux vagues d’incertitudes porteuses d’outre-monde. Ils reviendront m’accompagner aux seuils de mes sommeils/réveils de pleine nuit, comme si une ombre tapie en moi-même leur ouvrait les portes du réel. Songes révélant quelque obligation amplifiée issue des responsabilités passées et à laquelle je ne voudrai pas souscrire. Et au matin, parfois, les brisures vives d’un rêve comme ces tessons au pied de l’étagère où se sont battus les chats.
Ils m’inquiètent un instant et puis ils s’effacent dans la quiétude d’une aube certaine.
Chat roux sur ma page
j’engloutis le café tiède
et ses secrets
plus forte d’un savoir
que je ne décode pas
(2 août 2024)